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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/203

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l’aperçut, fit un nouveau signe, et le second Danakil, prompt comme une flèche, s’élança à la nage vers la fugitive.

— Je te donnerai tout, tout ce que tu voudras si tu la ramènes ! s’écria Zérouk… tu auras de l’or, beaucoup d’or ! cria-t-il, haletant… et vous, dit-il aux deux Soudanais, prenez les avirons et nagez là-bas.

Maintenant c’était la poursuite dans l’obscurité : on n’entendait que le souffle haletant de l’indigène se détendant dans de larges brassées et les cris de Zérouk pestant contre les Soudanais qui n’ajustaient pas assez vite les avirons, découverts à grand’peine sous la voile abattue.

Puis un cri perçant déchira la nuit : Nedjma, sur le point d’être atteinte, jetait aux échos de la mer Rouge le nom de celui qu’elle n’espérait plus revoir.

 

À quelque distance du théâtre de ce drame, un autre drame se déroulait.

— Mon capitaine, mon capitaine ! cramponnez-vous là.

Et Hilarion soutenant d’une main de Melval et nageant de l’autre, abordait le tronçon de mât qui lui avait servi de refuge inespéré au moment où il avait été jeté à la mer.

Soudain, il s’aperçut que de Melval avait les bras liés derrière le dos : saisir son couteau, l’ouvrir avec les dents et délivrer l’officier fut, pour l’adroit garçon, l’affaire d’un instant.

De Melval reprenait ses sens ; ses deux mains crispées serraient maintenant le débris sauveur.

Un cri s’échappa de ses lèvres.

— Où est-elle ?

Hilarion ne répondit pas, mais il étendit le bras : à deux cents mètres déjà la barque venait d’apparaître filant rapidement.

— Suivons-là, dit l’officier d’une voix étranglée.

Et il se mit à la nage.

Mais il sentit qu’il allait couler sous le poids des effets pesants qui embarrassaient ses mouvements : de nouveau il se cramponna à l’épave, et fébrilement, se débarrassa du