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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/229

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Pol Kardec ne revenait pas de sa surprise en écoutant les détails relatifs aux plongeurs et aux outres noyées qu’ils poussaient devant eux.

— Rien à faire, dit-il, il n’y avait rien à faire contre ces ennemis invisibles. Et pourtant, si nous avions mis nos filets, ces filets si décriés : ils ralentissent la manœuvre, c’est vrai, aussi ne faut-il pas s’en embarrasser en marche ; mais là, en station, à l’ancre, jamais nous n’aurions dû négliger cette précaution, même contre les Arabes.

Enfin, rien ne sert de récriminer ; mais quel terrible réveil ! Je me souviens que j’observais des lumières nombreuses sur la côte d’Asie beaucoup plus rapprochée de nous ; on eût dit qu’un camp tout entier venait de s’installer là.

— C’était une diversion pour attirer votre attention de ce côté.

— Sans doute ; je me rappelle encore ma dernière réflexion : je me disais que le lendemain il serait divertissant de leur envoyer quelques coups de canon pour les faire déguerpir. À ce moment, des explosions subites, sourdes et très rapprochées se firent entendre sur notre droite, du côté des navires anglais. Et comme je me retournais très surpris, une espèce de cratère s’ouvrit autour du bâtiment, des trombes d’eau d’une violence incomparable s’abattirent sur le pont du Surcouf en même temps que des jets de flammes s’élevaient tout autour de nous. J’étais sur la passerelle… une seconde après je sentis le navire s’incliner à bâbord. L’affolement était grand parmi les hommes, car jamais on n’avait eu l’impression d’un pareil cataclysme. L’ordre fut donné de mettre les embarcations à la mer ; mais elles y étaient à peine que l’eau envahit le pont. Le navire avait dû s’ouvrir sur tout son pourtour à la fois, et dès lors l’immersion ne demanda que quelques minutes.

Je distinguai confusément les embarcations au milieu du remous qui se produisait ; j’en remarquai une, chargée d’hommes, tenant encore par une corde au palan qui la supportait, entraînée avec lui ; les autres ont dû être englouties dans le cercle giratoire formé par les eaux.

— Et vous ?