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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/232

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dit… j’ai donné au Sultan ma parole d’honneur de ne pas quitter son camp.

— Ah ! fit l’officier de marine.

Et il n’insista plus, du moment que le capitaine avait donné sa parole.

— Seulement, reprit-il au bout d’un instant, vous en parlez comme si vous saviez de quelle manière nous sortirons d’ici.

De Melval lui apprit alors que des navires anglais, envoyés d’Aden, allaient arriver la nuit pour recueillir toute la garnison.

— Alors, vous resterez là tout seul, demanda Pol Kardec.

— Oui.

— C’est dur… mais je vous comprends.

Et, très ému, le lieutenant de vaisseau prit dans ses mains la main du jeune officier et la garda étroitement serrée.

Un instant de Melval eut la pensée de lui parler de Christiane, de le prier d’aller la trouver à son retour en France, de lui dire qu’il l’avait rencontré, de lui apprendre qu’il était vivant et qu’il comptait bien revoir son pays.

À la pensée qu’il évoquerait en elle un remords, une terreur qui empoisonnerait son amour pour Saladin, il ressentit une amère jouissance.

Mais après ce qu’il venait de confier à son nouvel ami au sujet de Nedjma, il éprouva une certaine honte à parler d’une autre, et le souvenir de ses parents et des amis auxquels il pouvait, par cet intermédiaire inespéré, donner signe de vie, lui fit oublier son intention mauvaise.

D’ailleurs n’apprendrait-elle pas indirectement qu’il vivait encore. L’aventure était assez étrange pour que la presse en parlât. Christiane ne pouvait manquer de lire la nouvelle dans les journaux.

Cela valait mieux : Alors ce fut un déluge de missions de toutes sortes, auprès des siens, d’abord, puis auprès de celui-ci, de cet autre dont les noms et les adresses lui revenaient.

Comme ils seraient surpris !

Sans y songer, dans la chaleur de l’énumération, il nomma M. Fortier.