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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/241

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anglais, vous êtes libre, à la condition de ne pas quitter l’île.

Déjà le renégat avait fait un pas vers la porte ; il se ravisa, se mordit les lèvres, sentant qu’il venait de se trahir mais il était trop tard.

Le sourire de sir James s’était épanoui, satisfait.

— Vous savez l’anglais, dit-il, inutile de feindre plus longtemps.

— Ça prend toujours, murmura Hilarion derrière la porte : v’là un président qui la connaît dans les coins… ça me rappelle le docteur Huguet quand on voulait tirer une carotte : il nous faisait avaler une sacrée drogue qui…

— Veux-tu te taire ? fit de Melval en envoyant une bourrade à l’incorrigible blagueur.

— Eh bien ! oui, je sais l’anglais, et après ? dit Zérouk qui sembla prendre résolument son parti du résultat de sa maladresse, bien décidé à n’en pas commettre une seconde.

Après ? répondit sir James, vous allez le savoir : veuillez lire l’acte d’accusation.

Le plus jeune des membres du conseil se leva : c’était un tout jeune lieutenant, à la raie irréprochable, au monocle solidement ajusté.

Et à sa profonde stupeur, le renégat entendit « qu’il était, lui, Zérouk, chef « du service des poudres de l’armée révoltée, sujet anglais, de nom inconnu, « accusé d’avoir pris une part active et prépondérante à l’attaque nocturne qui « avait abouti à la destruction de quatorze navires de Sa Majesté le roi « d’Angleterre, empereur des Indes, crime de basse trahison puni de la peine « de mort ».

Un silence écrasant avait suivi cette lecture, et les soldats présents dans la salle avaient regardé avec stupeur l’homme sur qui pesait une charge aussi infamante qu’inattendue.

— Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? reprit le colonel redevenant grave.

Le renégat avait pâli affreusement : qui donc avait pu le nommer, le désigner aussi clairement ? et de nouveau son regard fit rapidement le tour de la salle comme celui d’un fauve pris au piège.