Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/248

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précédente… cette pensée lui donna une force irrésistible.

Rien ne s’interposait plus entre lui et ses victimes.

Mais l’intervention d’Hilarion avait donné à l’officier le temps de se débarrasser de Nedjma.

Brusquement, brutalement même, de Melval l’avait rejetée derrière lui, et de la main restée libre avait retrouvé à sa ceinture le revolver que tout à l’heure son ordonnance lui avait rendu.

Cinq coups encore, avait dit le tirailleur.

Si le percuteur tombait par malheur sur la douille vide, il serait trop tard.

C’était une loterie dans laquelle il y avait un mauvais billet sur six.

En retrouvant dans sa main son arme favorite, de Melval sentit ses nerfs se détendre ; il étendit le bras.

Et quand il lâcha le coup, risquant s’il le manquait d’atteindre un de ceux qui étaient derrière, le roi des « sans patrie » n’était plus qu’à un mètre de lui, la baïonnette haute, les yeux fulgurants.

Nejdma poussa un cri, ferma les yeux.

Un autre cri rauque et terrifiant lui répondit.

Le front troué, Smith Elton venait de s’abattre aux pieds de l’officier français.

La scène tout entière n’avait pas duré dix secondes.

Le colonel s’avança vers de Melval, pendant que deux hommes emportaient Hilarion, toujours, évanoui.

Et lui serrant la main, plus ému qu’il ne voulait le paraître.

— Splendide ! fit-il, ah ! les officiers français ! quels hommes !… coup splendide en vérité ! merci, capitaine, sans vous les choses allaient mal.

Déjà de Melval avait repris son sourire.

— Mal, pour moi surtout, mon colonel ; je n’ai fait que défendre ma peau et aussi celle de cette enfant, dit-il, en allant déposer sur une chaise Nedjma que l’émotion avait brisée.

— Vous avez débarrassé la civilisation et en particulier l’Angleterre d’un de ses plus terribles ennemis, reprit le colonel ; vous avez frappé à la tête cet adieux parti, néga-