Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/252

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« Mademoiselle,

« Que se passera-t-il dans votre cœur quand vous apprendrez que je vis, et qu’un hasard a fait tomber entre mes mains le secret de votre oubli pour moi et de votre nouvel amour pour un autre.

« Et quel autre ? un misérable, un traître à son pays, un homme qu’autrefois vous estimiez peu et qu’aujourd’hui vous mépriseriez ?

« Par quel philtre vous a-t-il donc ensorcelée ?

« Malgré moi j’essaie encore de ne pas me rendre à l’évidence je voudrais me dire que j’ai eu un cauchemar ; mais votre lettre est là, sous mes yeux, et on n’imite pas votre écriture, cette écriture fine et très penchée, dans laquelle j’avais cru lire autrefois la suprême distinction et l’idéale douceur.

« Dix fois j’ai comparé cette lettre aux autres, à celles du beau temps où je croyais en vous, et il n’y a pas de doute possible ; c’est bien vous qui avez écrit à ce misérable Saladin « J’avais cru aimer autrefois… c’est aujourd’hui « seulement que je sens la puissance de mon amour pour vous. »

« Oh ! Christiane ! est-ce vous qui avez écrit cette phrase qui a brisé en moi tout bonheur et tout espoir ? est-ce vous, en qui j’avais mis toute ma foi, vous qui avez si vite envoyé rouler dans les profondeurs de l’oubli le tendre passé et le triste absent ?

« Je ne m’attarderai pas à vous rappeler à vos serments violés ; tout est fini entre nous, et à l’heure où je vous écris, j’ai repris moi-même ma liberté.

« Mais je veux, vous entendez bien, je veux, j’exige que vous repoussiez le méprisable traître qui a osé aspirer jusqu’à vous.

« Il a prétendu que vous connaissiez ses desseins, que vous les approuviez !

« Cela, je ne l’ai pas cru.

« Et quand vous aurez appris de ma bouche, car je suis