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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/257

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fétiche que tous les gens de Mounza salueront bien bas, bien bas.

— Et où as-tu trouvé cela ?

— À côté de ce Zérouk ; je l’avais remarqué près de lui quand nous l’avons laissé là… alors, malgré ma peur, je suis retournée le chercher, parce que, vois-tu, je veux que tu le portes. Quand tu l’auras, jamais un Monbouttou n’osera te toucher, crois-moi.

— Tu connais donc cela ?

— Oui, je sais que ce Mounza en a un semblable et qu’il n’y a que lui.

— Alors c’est lui qui a dû en faire cadeau à ce Zérouk pour lui donner tout pouvoir sur nous. Eh bien, ma petite Nedjma, tu vas le mettre à ton cou : moi je n’ai pas besoin d’être préservé, j’ai ce petit outil-là, et il montrait son revolver, tandis que toi tu peux en avoir besoin.

Et la jeune fille avait passé l’amulette à son cou.

 

Cinq jours après, de Melval et Nedjma rentraient au camp de la Garde noire.

Le quartier général avait été transporté à Moka.

Rien ne pourrait rendre l’effusion avec laquelle Zahner se jeta dans les bras de son capitaine, qu’il avait cru perdu. La joie d’Omar ne fut pas moins vive et, après avoir serré vigoureusement la main de son camarade de promotion, il le conduisit aussitôt près du Sultan.

— Mon père, tu as fait un jugement téméraire, dit-il. Un officier français ne manque pas à sa parole : voilà de Melval !

— Je vous fais amende honorable, jeune homme, dit Abd-ul-M’hamed, dont la figure sévère s’éclaira d’une lueur bienveillante. J’avais craint, en effet, que cédant à la tentation… Notre chef du service des poudres m’a bien l’air, lui, d’avoir pris la clef des champs : depuis le passage, personne ne l’a revu.

— Il fabrique probablement de la poudre… d’escampette, fit le jeune prince, pour qui la langue française n’avait pas de secrets.