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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/279

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soldats égyptiens, secrètement acquis déjà à la cause musulmane.

Mais renonçant aux assauts qui font perdre inutilement des milliers d’hommes sous le feu des armes perfectionnées, le cheik Ahmed, se révélant en cette occasion stratégiste remarquable, masqua la ville par un corps de 60.000 Arabes et descendit le Nil jusqu’au barrage d’El-Menachek ; il s’en empara, coupa le chemin de fer d’Alexandrie, puis, se rabattant vers l’Est, se disposa à isoler complètement le Caire du reste du Delta,

Les Anglais n’attendirent pas que l’investissement fût complet. Les coureurs noirs arrivèrent à Kalimb juste à temps pour voir le dernier train anglais filer sur Tantah pour rejoindre, par Telbaroud, la ligne d’Alexandrie.

L’évacuation du Caire était donc obtenue sans combat ; le gros des forces snoussistes survint sur ces entrefaites, bientôt suivi de l’armée du Tibbou et des gens de Nubie.

En quelques semaines, toute la vallée du Nil fut couverte de Noirs, arrivant comme des sauterelles, de tous les points de l’horizon.

Les Égyptiens, délivrés d’une oppression qu’ils n’avaient jamais pu secouer et que l’Europe avait été impuissante à faire cesser, les fellahs surtout, ces misérables agriculteurs des bords du Nil, réduits par les exactions à la dernière des misères sur le sol qu’ils fécondaient, arrivèrent en foule au camp d’Ahmed-ben-Snoussi.

L’Angleterre, qui avait fait de l’Égypte son fief et sa chose malgré les protestations de l’Europe, qui à l’aide des procédés les plus dilatoires et des réponses les plus évasives. avait résisté à toutes les sommations des puissances, l’Angleterre venait d’être bousculée par une poussée à laquelle elle ne s’attendait guère, lorsqu’elle protestait de ses intentions d’évacuer l’ancienne terre des Pharaons et se jouait de la Turquie, de la Russie et de la France.

Au moment où le Sultan arrivait en vue de La Mecque, les Anglais ne possédaient plus en Égypte qu’Alexandrie et Aboukir, protégées par leur position même sur une presqu’île que le lac Maréotis sépare du continent. Ahmed-ben-Smoussi fit occuper par des troupes solides l’isthme étroit qui, entre Damanhour et Alexandrie, relie les terres du