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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/289

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nait officiellement à son entrée sur le territoire sacré, avait, au nom du Prophète, dispensé les soldats de revêtir le ihram ; et en effet, l’Arabie, la Syrie et l’Asie Mineure réunies n’eussent pu fournir l’étoffe nécessaire à une pareille quantité d’hommes.

Mais il avait été rappelé, par des hérauts envoyés dans toutes les directions, à plusieurs jours de marche, qu’il était interdit de se faire raser la tête pendant toute la durée des prières, de s’oublier dans des querelles, et de tuer des êtres vivants.

Tout autre vêtement est abandonné par le musulman pendant l’entière durée du pèlerinage : or, le ihram, s’il est très supportable en été, est absolument insuffisant en hiver où le froid ne descend guère au-dessous de zéro, mais s’en approche d’assez près.

Du temps des Arabes idolâtres, le pèlerinage avait lieu à l’automne ; mais Mahomet ayant établi l’année lunaire, le fixa au mois de Dhi-el-Hadja ; or, l’année lunaire ayant onze jours de moins que l’année solaire, le pèlerinage arrive successivement à toutes les époques de l’année, dans un cycle de trente-trois ans.

Ce fut un spectacle d’une grandeur incomparable que celui de ce flot humain, roulant silencieux et obéissant derrière celui qui avait ouvert toutes grandes aux revendications musulmanes, les écluses fermées depuis tant de siècles.

Maintenant onze armées se suivaient à quelques semaines de distance.

Omar n’en connaissait qu’approximativement l’effectif, mais il l’appréciait à un peu plus de quatre millions d’hommes, suivis de six cent mille animaux de toutes espèces.

Si de pareilles masses eussent adopté les ordres de marche européens, en colonnes par quatre, elles eussent occupé des longueurs interminables.

Mais dans ce pays désolé, sans cultures et sans arbres, dont les ravins et les monts constituaient les seuls obstacles, les routes étaient partout et nulle part, et les colonnes s’entassaient sur des fronts de cent à cent trente kilomètres ; les noirs marchaient sans autre souci que de rester agglomérés et de se retrouver chaque soir au campement par tribus distinctes.