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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/290

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Ils ramassaient ceux qui tombaient en route, les portaient en chantant, et les ensevelissaient à la mode musulmane, au lever du jour, avant de reprendre la marche.

À la tombée de la nuit, des signaux répétés de montagne en montagne, faisaient connaître le campement du Chef ; des détachements veillaient auprès des approvisionnements d’eau et de vivres préparés pour les armées en marche. Les tribus, conduites par des envoyés d’Omar, s’arrêtaient aux points où les attendaient les intendants du Sultan, mangeaient, dormaient, puis le lendemain, à l’aube, le torrent humain ondulait de nouveau à la surface brûlée de la côte arabique, dense, pressé, formidable.

De tous les points de la péninsule un autre million d’hommes accourait, auxquels le grand Chérif avait donné rendez-vous au nord et à l’est de la Ville sainte.

— Nous sommes encore loin du chiffre primitivement prévu, dit le Sultan, à qui Omar avait récapitulé ces fabuleux effectifs, donnant un total de cinq millions de combattants convergeant vers La Mecque.

— À parler franchement, mon père, dit le jeune prince, je n’avais jamais espéré que nous réunirions là un pareil noyau, et nous devons nous estimer heureux que onze armées aient pu passer.

— Et les autres ?

— Il ne faut pas compter sur les Fans, les gens du Yamvo, de Batotsé, de Damara, de Namaoua et de Mozambique avant cinq mois. Songez que la plupart d’entre eux ont eu à se débarrasser des Portugais de Loanda et de Mozambique, des Allemands d’Angra-Péquana et surtout des Anglais du Cap ; je n’en ai aucune nouvelle, sinon qu’ils ont commencé énergiquement la lutte : il est probable que nos frères de l’Orange, du Transvaal et du Cap ne nous rejoindront jamais ; ils ont affaire à des gouvernements organisés, et leur tâche sera remplie lorsqu’ils auront reconquis leur propre sol.

— Alors nous pourrons compter, dans cinq mois, sur un renfort de… ?

— Trois millions environ.

— Quelles forces amène avec lui le cheik Snoussi ?

— Lorsque nous le rejoindrons en Syrie, il sera certai-