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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/291

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nement à la tête de plus d’un million de combattants.

— Au total, alors, neuf millions ?

— Oui, et si tu ajoutes ce chiffre les sept armées du Nord, celles de Ben-Amema, de Mauritanie, de Tambouctou, de Sokoto, du Dahomey, de Libéria et du Sénégal, soit trois autres millions, nous arrivons an total de douze, sur lequel nous avions primitivement compté.

— Mais tu oublies la Perse, l’Asie Mineure et l’Inde !

— Certes non, je ne les oublie pas, nos frères d’occident surtout, car ils formeront deux des plus belles armées.

— Il faut qu’avec leur contingent la Garde arrive à l’effectif de trois cent mille hommes ; ne perds pas de vue qu’elle sera la réserve suprême dans plus d’une bataille.

– J’y ai songé : l’armée persane, que les dernières évaluations reçues à Sana, grâce à Saladin, portent à huit cent mille hommes, te fournira à elle seule cinquante mille cavaliers de noble origine ; quant aux Hindous, ils arriveront à temps pour combler les premiers vides. Je n’ai qu’une inquiétude, mais elle est sérieuse.

— Laquelle ?

— C’est que ces vides deviennent d’ici peu très sensibles ; comment éviter en effet que les maladies contagieuses ne se répandent dans de pareilles agglomérations ? à commencer par le typhus, cette plaie des armées fatiguées et mal nourries.

— Cette crainte m’est venue comme à toi, dit le Sultan ; nos plus cruels ennemis d’ici à Constantinople vont être le typhus, le choléra et la peste ; il faut à tout prix nous en préserver jusque-là : après Constantinople, peu m’importe.

— Je ne comprends pas, fit Omar, nous avons autant d’intérêt à éviter ces fléaux en Europe qu’en Asie.

— Erreur, mon enfant ; s’ils nous frappaient en ce moment, ils nous décimeraient sans profit pour notre cause ; en Europe, au contraire, je compte bien, s’ils sévissent parmi nous, les retourner contre nos ennemis.

— Les retourner !

— Oui, tu sembles ne pas comprendre, toi si prompt à deviner mes desseins, si ingénieux pour les réaliser ; ne sera-t-il pas de bonne guerre de répandre parmi les armées européennes la contagion dont nous souffrirons nous-mêmes,