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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/297

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C’est une construction massive ayant 12 mètres de long sur 8 mètres de large et 9 mètres d’élévation, dans laquelle on accède par une porte doublée de lames d’argent et d’or.

À l’angle nord-est de cette construction, près de la porte, est enchâssée, dans un cercle d’argent massif, la fameuse pierre noire, Hadjer-el-Essoued, que tout musulman doit avoir baisée pour avoir droit au titre de Hadj (pèlerin).

C’est un ovale irrégulier, formé de plusieurs morceaux de même nature qui ont dû être disjoints par l’action du feu et qu’on a réunis dans une espèce de moule en ciment qu’entoure le cercle de métal.

L’attouchement des mains ou des lèvres des croyants depuis plusieurs siècles a creusé cette pierre qui était primitivement en saillie.

Quand Adam et Eve eurent mangé du fruit défendu, dit la tradition musulmane, Dieu les précipita hors du paradis : il condamna la femme aux douleurs de l’enfantement et à la soumission conjugale, l’homme au travail pour gagner sa vie et aux remords de sa conscience.

Adam tomba près de La Mecque, sur le mont Sehandib, appelé, d’ailleurs, pic d’Adam, et on y montre encore aujourd’hui aux pèlerins la trace de son pied ; Eve tomba à Djeddah, le serpent à Ispahan, le paon à Caboul.

Adam emportait du Paradis un sac rempli de froment et de trente sortes de graines, une poignée de feuilles des arbres et la fameuse « pierre noire ».

Cette pierre lui servit d’échafaudage pour bâtir la Kaâba. Elle s’élevait d’elle-même à mesure que l’édifice s’avançait.

« Au jour du jugement, elle prendra une voix pour témoigner en faveur de ceux qui l’ont baisée de leurs lèvres pures. »

Telle est la légende de la pierre noire, légende dont la puissance est telle que l’on a vu des mourants, arrivés à La Mecque à grand’peine, se faire porter jusqu’à elle, la baiser et rendre en extase leur dernier soupir.

Au-dessus de la Kaâba, assimilée poétiquement à une fiancée, flotte en longs replis un voile de soie noire brodée d’argent offert par le vice-roi d’Egypte et renouvelé par lui en grande pompe chaque année.

Le frémissement de l’étoffe, disent les pèlerins, est dû