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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/97

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Les Anglais et les Italiens en formaient la masse principale. Les premiers avec dix-sept, les autres avec treize bâtiments, cuirassés, croiseurs et garde-côtes les plus puissants des deux marines.

Les Français, surpris par des troubles très graves à Madagascar et dans l’Indo-Chine et obligés d’y renforcer leurs stations navales, émus surtout par les événements d’Algérie qui les avaient contraints à concentrer dans la Méditerranée la plus grande partie de leur flotte, avaient borné leur concours dans la mer Rouge à une division de l’escadre du Levant composée d’un cuirassé et d’un croiseur.

L’Allemagne, après avoir recueilli ceux de ses nationaux qui avaient échappé au massacre dont la colonie de l’Est africain avait été le théâtre, avait envoyé quatre cuirassés et deux croiseurs à grande vitesse.

On y comptait encore deux bâtiments portugais venus de Quélimane après l’incendie de cette ville par les naturels du Mozambique.

Enfin le sultan de Constantinople, dont relevait la presque totalité des rivages de la mer Rouge, sentant qu’il était désigné comme la première victime du soulèvement panislamique, avait envoyé là toute la flotte turque, soit onze grands vaisseaux de tous rangs, parmi lesquels quatre grands croiseurs filant trente nœuds, construits récemment en Angleterre et payés par la Turquie trois fois leur valeur.

C’était donc une flotte de 49 vaisseaux de guerre qui stationnait là, à cette porte de la mer Rouge.

Le manque de profondeur des eaux du côté de l’Afrique, qui a reporté le trajet naturel des navires dans le petit détroit entre Périm et la côte d’Asie, obligeait les bâtiments internationaux à se tenir à douze kilomètres environ de la côte d’Afrique.

La portée des pièces atteignant 20 et 22 kilomètres sous l’angle de 31°, la grosse artillerie des vaisseaux pouvait avoir une action efficace sur la plage qui s’étendait aux pieds du Sultan, mais à la condition d’y discerner un objectif visible. Dans tous les cas, elle ne pouvait rien contre les camps musulmans, qui, grossis par les arrivées de chaque jour, se groupaient à l’abri des vues, derrière la chaîne des falaises.