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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/258

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MAZAS.

guerry, très expansif selon sa nature ; le père Caubert, inébranlable dans sa foi et persuadé que la France se relèverait de cette épreuve « plus chrétienne et par conséquent plus forte que jamais ». Ce fut le samedi 20 mai que M. Edmond Rousse s’entretint avec les otages ; il les quitta en leur promettant de revenir le mardi suivant. La Commune devait mettre obstacle à ce projet ; cette visite fut la première et la dernière.

Déjà tout était à redouter, car, le 17 mai, le Comité de salut public avait voté le décret qui prescrivait la mise à mort des otages. La Commune allait user de tous moyens pour se défendre : « 22 mai 1871 : Les municipalités feront sonner le tocsin sans interruption dans toutes les églises. — Le secrétaire du Comité de salut public : Henri Brissac. — Même date : Le citoyen Fradet est prié de la part d’Andrieu de faire couper toutes les conduites d’eau qui aboutissent aux endroits où se trouvent les Versaillais ; même mesure à prendre pour les conduites de gaz[1]. » C’était la guerre sauvage qui commençait.

Les surveillants de Mazas étaient fort troublés, car l’un d’eux, nommé Bonnard, devenu ami intime de Garreau et élevé par lui au rang de greffier, avait dit en causant avec ses anciens camarades : « Rappelez-vous bien que si les troupes de Versailles entrent dans Paris, la capitale sera incendiée, tous les prêtres que nous avons ici seront fusillés : Paris deviendra un monceau de ruines et de cadavres. » On ne doutait pas que ces

  1. Ce dernier ordre, dont l’original a été sous mes yeux, n’est jamais parvenu à destination. L’employé chargé de l’expédier le mit sagement dans sa poche. — O. Fradet remplissait pendant la Commune les fonctions d’ingénieur en chef des eaux et des égouts, celles-là mêmes où Belgrand s’est immortalisé. — Il me paraît qu’en cette circonstance, comme en plusieurs autres, on abusa du nom d’Andrieu, qui pendant la Commune resta résolument en dehors de toute action mauvaise.