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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/347

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LA RÉVOLTE DES OTAGES.

les poinçons de cordonnier, et l’on se groupa dans les salles, prêts à la bataille. « Nous pouvons compter sur vous ? » demanda Pinet. Les condamnés répondirent : « Oui. » Pinet leur recommanda de rester dans les ateliers, où ils étaient plus en sécurité que dans la cour, et, accompagné de Bourguignon, il monta vers les sections ; Bourguignon pénétra dans la seconde et lui dans la troisième. En deux mots, Bourguignon expliqua à l’un des sous-officiers prisonniers qu’il fallait, si on appelait les otages, refuser de descendre ; que s’ils ne se défendaient à outrance, ils étaient perdus ; qu’il était temps de faire arme de tout bois et de ne laisser pénétrer personne dans la section. Il ajouta : « Pinet est là-haut, à la troisième ; je vais redescendre au greffe surveiller les menées de cette séquelle et je reviendrai vous avertir ; je monterai par l’escalier de secours ; placez-y deux sentinelles et assommez tout individu qui ne vous dira pas le mot de ralliement ; ce mot sera : Marseille ! » Les otages voulurent le retenir parmi eux. Il leur fit comprendre qu’il leur serait plus utile en leur apportant des renseignements précis ; on le laissa partir et l’on se mit à l’œuvre.

Pendant ce temps, Pinet, étant entré dans la troisième section par la porte de secours, criait : « Barricadez-vous ! barricadez-vous ! » Les otages ont-ils commencé à se barricader sur l’injonction de Pinet ? avaient-ils commencé à se barricader avant l’arrivée de celui-ci ? C’est là une question à laquelle il nous est impossible de répondre. Les deux versions ont été énergiquement soutenues ; il y a autant de probabilités en faveur de l’une qu’en faveur de l’autre, et le fait en lui-même est trop peu important pour que nous ayons essayé de le dégager des obscurités dont on l’a systématiquement enveloppé ; mais on peut affirmer, en toute sécurité, que sans l’intervention de Pinet, escorté de Bourgui-