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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/64

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PERVERSE

abordée, en face de la porte de sa cabine, par un homme, qui, après les vagues paroles qui s’imposent sur mer : « Une mer magnifique, madame ! Vous ne souffrez pas de la mer, madame ? Le capitaine assure que nous aurons beau temps jusqu’à la fin… » etc., etc., lui parla de la langueur poétique qui ennuage la pensée et le cœur, à la vue de l’Océan, au murmure infini et cadencé des lames.

Et, tout doucement, il amena la conversation sur les hasards des rencontres. Hier, on ne se connaissait pas ; aujourd’hui, on sympathise, avant l’amour qui viendra demain.

À voix presque basse, passionnel et mélancolique, romanesque, il parla de ceux qui ont la bonne fortune d’aimer ; et il se plaignit, d’une voix attristée, d’être seul et de n’avoir personne sur la terre à qui penser, à qui rêver, à qui envoyer des baisers à travers l’espace.

Comme elle lui demanda d’où il venait, qui il était, où il allait ?