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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/67

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PERVERSE

lui dit qu’elle était mariée, qu’elle était riche et qu’elle n’avait, non plus, jamais été heureuse, comme elle aurait voulu.

Les malheureux, quelle que soit la somme du mal souffert — et l’on souffre à tous les degrés des situations sociales — s’entendent et se comprennent.

Inconsciemment, ils se rapprochèrent, leurs mains se frôlèrent, elle se laissa baiser les doigts, leurs yeux se fixèrent et ils s’éclairèrent de la belle lueur du désir.

Il baisait les bras, nus jusqu’au coude, sous la manche ; il chercha un nid, dans les frissons du cou, pour y mettre ses lèvres. Elle recevait les baisers, extatiquement nerveuse, et, sans oser y répondre encore, s’offrait de plus en plus.

Enfin, brusquement, l’homme baisa les yeux de Paula, ses yeux pâles et vifs, et, l’éloignant de la longueur de ses bras, pour la regarder, pour la contempler, pour la posséder de ses yeux de mâle avide, il la ramena sur lui, contre sa poitrine, et imposa