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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/70

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PERVERSE

un surcroît de jouissance, à la sensation que l’homme qui se mêlait à elle, s’évanouissait, comme elle, dans une égalité de spasme.

Aimait-elle le plaisir seul ?

Qui sait ?

Elle aimait plutôt encore le mélange des êtres, elle aimait la double bête, le monstre charmant formé de lui et d’elle, elle adorait le sacrifice où elle était la prêtresse du prêtre, où elle était l’héroïne du héros. L’essence de joie qui naissait de l’accouplement était la chose sainte qui remplissait et dominait toutes ses sensations.

Tous les hommes lui semblaient égaux devant la joie, parce que tous devaient être pareils pour la possession ; elle se croyait l’égale de toutes les femmes, parce qu’elle sentait qu’aucune, plus qu’elle-même n’était capable de se donner avec une plus grande fougue, et de concevoir une plus grande quantité de plaisir.

Elle annihilait sa situation de femme pour concentrer toute son énergie dans son action bestiale.