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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/71

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PERVERSE

C’était l’amour, il n’y avait plus rien.

On lui donnait du plaisir ! Que pouvait lui faire l’amour du sentiment et l’amour du cerveau ? Elle voulait et ne comprenait que l’amour de chair. Douée, hystériquement, d’une large nervosité capable de recevoir — et de répondre — aux plus grandes capacités possibles de tressaillements de ses nerfs, elle voulait atteindre à la sans cesse et renouvelée scène où son martyre se transformait, dans les caresses, en d’infinies béatitudes.

C’est ainsi que le soir, bercée encore par le souvenir de sa dernière nuit, sans reconnaissance déjà pour l’homme qui était venu la couvrir de sa sueur et lui baiser la bouche, elle fut heureuse d’entendre, cadencée au hurlement monotone et déchirant de l’Océan, la voix du docteur du bord qui chantait des vers faits pendant ses nuits de traversée, et dans lesquels il célébrait pourtant des nuits d’amour.

Maigre et bizarrement pâle, la face peuplée de vice, allongé comme une couleuvre,