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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/127

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puisqu’il vous a retirée des ténèbres de l’erreur, pour vous éclairer de sa lumière, et vous faire connaître la vérité.

« Comme cette vérité, qui est Dieu même, ne cesse de faire ressentir les effets de sa miséricorde, dans le fort même de sa colère ; il n’a pas dédaigné de jeter sur vous, qui étiez livrée au péché, un regard favorable. Vous avez eu recours à sa clémence, et il l’a préférée à la qualité de Dieu des vengeances.

« N’est-il pas vrai de dire, que la profondeur de ses secrets est impénétrable, lorsqu’on voit soumis à l’empire de Jésus-Christ ces vastes pays qu’à peine connaissions-nous, et dont le démon s’était rendu le maître ?

« Nous regardions comme fabuleux, tout ce qu’on nous disait de ce grand empire, où régnait l’idolâtrie. Aurait-on jamais cru que la vérité eût trouvé entrée dans les régions séparées de nous par tant de mers orageuses, et qui semblaient être sous un ciel différent du notre ?

« On croyait qu’il n’était pas possible à ceux qui préfèrent le salut des âmes à tous les trésors de l’Inde, de pénétrer dans cet autre monde, dont l’entrée était fermée aux étrangers par des lois injustes et rigoureuses. Dieu a permis qu’il se soit trouvé des hommes pleins de zèle, qui, de leur propre mouvement, et sans y être obligés, ont affronté les périls et la mort, pour vous aller prêcher les vérités du salut, et vous mettre dans la voie du ciel.

« C’est une grande grâce, ma chère fille, dont vous devez vous rappeler souvent le souvenir. Il faut en instruire vos enfants, afin qu’ils mettent leur espérance en Dieu, et que pénétrés de reconnaissance pour un si grand bienfait, ils soient toujours fidèles à observer ses commandements.

« Quelque grande que soit la joie que nous ressentons, d’apprendre que votre exemple, et celui du prince Constantin, a été suivi de plusieurs personnes, elle est bien augmentée par l'espérance où nous sommes, que l’empereur détruira le culte des faux dieux dans toute l’étendue de son empire.

« Nous vous donnons notre bénédiction paternelle. Nous accordons volontiers à Votre Majesté ce qu’Elle nous demande : et nous ne cesserons point de prier le Seigneur, qu’il établisse la paix dans votre empire. Soyez toujours unie à nous de cœur et par la foi. Fait à Rome dans le palais de S. Pierre, sous l’anneau du pécheur, le dix-huitième jour de décembre de l’année mil six cent cinquante-cinq, la première année de notre pontificat. »

Peu d’années après, l’empereur tartare envoya trois armées formidables contre l’empereur chinois, qui fut obligé de prendre la fuite, et de céder ses provinces au vainqueur. Les dames chrétiennes furent conduites à la cour, et enfermées dans un palais, où elles furent servies selon leur qualité sans qu’il leur fût permis d’avoir aucun commerce au-dehors : elles ont toujours vécu dans cette retraite selon les maximes de