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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/157

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avait composée lui-même. Ce prince la reçut avec divers autres mémoires, comme s’il n’en avait point de connaissance ; et il l’envoya à la cour des rits pour l’examiner, selon la coutume, et lui en faire son rapport. Voici la requête fidèlement traduite de l’original.


Grand empereur,


« Nous exposons à Votre Majesté, avec la soumission la plus parfaite, et le plus profond respect dont nous sommes capables, le commencement, la fin, et les motifs de notre très humble prière, dans l’espérance qu’Elle voudra bien l’écouter, avec cette prudence qui accompagne toutes ses actions, et cette bienveillance, dont Elle a coutume de nous honorer.

« Le neuvième mois de la lune, le Père Intorcetta, sujet de Votre Majesté, qui fait sa demeure dans la ville de Hang tcheou, nous avertit que le viceroi avait donné ordre aux mandarins de sa province de renverser les temples des chrétiens, et de brûler les tables d’imprimerie, sur lesquelles on a gravé tous les livres de notre religion. De plus, il a déclaré publiquement que notre doctrine est fausse et dangereuse, et par conséquent qu’elle ne doit point être tolérée dans l’empire. Il a ajouté plusieurs choses, qui nous sont très désavantageuses.

« À cette nouvelle, saisis de crainte, et pénétrés d’une vive douleur, nous avons cru être obligés de recourir à Votre Majesté, comme au père commun des affligés, pour lui expliquer le pitoyable état où nous sommes réduits ; car sans sa protection, il nous est impossible d’éviter les embûches de nos ennemis, et de parer le coup fatal dont ils nous menacent.

« Ce qui nous console, quand nous paraissons aux pieds de Votre Majesté, c’est de voir avec quelle sagesse Elle donne le mouvement à toutes les parties de son empire, comme si c’était un corps dont Elle fût l’âme ; et avec quel désintéressement Elle règle les intérêts de chaque particulier, sans faire acception de personne. De sorte qu’Elle ne ferait pas en repos, si Elle connaissait un seul de ses sujets opprimé par l’injustice, ou même privé du rang et de la récompense qu’il mérite.

« Vous surpassez les plus grands rois parmi Vos prédécesseurs, qui ont de leur temps permis dans la Chine les fausses religions : car Vous aimez uniquement la vérité, et Vous n’approuvez pas le mensonge. C’est pour cela qu’en visitant Vos provinces, Vous avez donné mille marques de Votre affection royale aux missionnaires européens, qui se sont trouvés sur Votre route ; comme si Vous eussiez voulu par là témoigner que Vous estimiez leur loi, et que Vous étiez bien aise qu’ils s’établissent dans Vos États. Ce que nous disons ici est public, et généralement connu de tout l’empire.

« Lors donc que nous voyons le vice-roi de Hang tcheou, traiter la