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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/173

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On leur fit un nouveau crime de la nécessité, où ils se trouvaient, de repousser les traits qu’on leur portait. Leurs adversaires firent passer l’apologie de leur conduite pour un défaut de soumission, et ils publièrent partout, que ces Pères, qui se vantent d’une aveugle obéissance aux décrets des papes, s’en écartent plus que les autres, lorsque ces décrets ne sont pas de leur goût.

C’est ce qui fit qu’en l’année 1711 l’assemblée des procureurs de chaque province se tenant à Rome, le Père général, à la tête de cette assemblée, présenta au pape une déclaration, par laquelle, prosterné aux pieds de Sa Sainteté, et à la face de toute l’Église, il faisait profession en son nom, et au nom de toute la compagnie, d’un service très constant, d’une soumission très respectueuse, et d’une obéissance aveugle à recevoir et à exécuter tout ce qui aura été décidé et ordonné par le même S. Siège apostolique, et en particulier les décisions sur les cérémonies chinoises, promettant de les observer à la lettre, et inviolablement sans aucune contradiction, tergiversation, ni délai ; et déclarant que c’est là le langage de toute la compagnie, que c’est là son esprit, et qu’il sera toujours tel, comme en effet il l’a été jusqu’ici. Sa Sainteté reçut cette déclaration avec une bonté singulière, et accorda au Père général la permission de la rendre publique.

Enfin en l’année 1715 le pape publia un précepte apostolique, par lequel il ordonna de se servir, pour exprimer le vrai Dieu, du mot Tien tchu, qui veut dire le Seigneur du Ciel, lequel était depuis longtemps en usage parmi les missionnaires ; et ensuite il prescrivit la conduite qu’ils devaient tenir à l’égard des cérémonies, celles qu’il fallait défendre aux chrétiens, et celles qu’on pouvait permettre, si elles étaient renfermées dans les bornes des cérémonies civiles et politiques ; et pour savoir quelles étaient ces cérémonies permises, et avec quelle précaution elles pouvaient être tolérées, il voulait qu’on s’en rapportât au jugement tant du commissaire et visiteur général du S. Siège, qui serait pour lors dans la Chine, ou de celui qui tiendrait sa place, que des évêques et des vicaires apostoliques de ce pays-là.

Le précepte apostolique fut envoyé à M. l’évêque de Peking, pour être communiqué à tous les missionnaires ; ce qui fut exécuté en l’année 1716 ; mais comme il restait toujours du doute, et que les avis étaient différents, les uns croyant permis par Sa Sainteté ce que d’autres croyaient être défendu, ils s’adressèrent aux évêques et aux vicaires apostoliques, ainsi que portait le précepte, afin qu’ils déterminassent en détail ce qu’il fallait ou permettre, ou défendre, et qu’il y eût uniformité de conduite.

Ceux-ci n’osèrent décider, de crainte ou que l’excommunication ne fût encourue, s’ils usaient de trop d’indulgence ; ou que la mission ne fût absolument détruite, s’ils prononçaient avec trop de rigueur. Ils se déterminèrent à attendre les instructions qu’on espérait encore de la part du S. Père, afin d’agir plus surement selon ses intentions.

Cependant les doutes et les difficultés des missionnaires furent envoyés à Rome ; et Sa Sainteté après les avoir examinés, prit la résolution de