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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/184

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On me demandera peut-être, si, depuis tant de siècles, les Chinois ne se sont point démentis de l’ancienne doctrine ; et si les philosophes modernes sont d’accord avec les premiers philosophes de la nation. J’ai de quoi satisfaire à cette question par deux ouvrages de morale d’auteurs chinois, qui feront voir que dans tous les temps ils ont réglé leurs mœurs et leurs actions selon les mêmes principes. L’un qui est plus ancien, et qui a été traduit par le P. Hervieu, est intitulé : Recueil de Maximes, de Réflexions, et d’Exemples en matière de mœurs. L’autre a été composé tout récemment par un auteur qui s’est acquis une grande réputation. C’est le Père Dentrecolles qui l’a traduit du chinois.

Si ce philosophe paraît sincère, sans chercher à déguiser ou à dissimuler les défauts présents de ses compatriotes, il donne assez à entendre, que parmi les peuples dont il reprend les vices, il y en a beaucoup qui pratiquent la vertu, selon l’idée qu’il s’en est formée. Son ouvrage est lu, et extrêmement approuvé des Chinois ; ce qui marque encore que ses pensées ne lui sont pas particulières, et qu’elles sont du goût de la nation.

On verra par cet écrit, que les sages de la Chine sont populaires dans leur morale, et qu’ils cherchent moins à augmenter le nombre de leurs disciples, qu’à réformer les mœurs : s’ils ne font point briller leur esprit, comme ont fait les sages de la Grèce et de Rome, on s’aperçoit aisément qu’ils cherchent à s’accommoder à la portée du peuple : et d’ailleurs il est vrai de dire, qu’il n’est pas aisé de rendre dans une traduction, les beautés qu’on aperçoit dans l’original, dont le style est vif, concis, et énergique.





Caractères ou Mœurs des Chinois, par un philosophe moderne de la Chine.


L’auteur chinois commence son ouvrage par une espèce de préface, et suppose comme une chose incontestable, que le culte qu’on rend au Tien, l’attachement à son prince, l’obéissance à ses parents, le respect envers ses maîtres, l’union entre le mari et la femme, l’amitié entre les frères, la fidélité des amis, les déférences que doivent avoir les proches et les alliés les uns pour les autres, la bonne intelligence entre les citoyens, sont des devoirs indispensables de l’homme raisonnable. Après quoi il entre dans le détail de la manière suivante.