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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/185

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Du devoir des parents et des enfants.


Les bienfaits qu’un fils reçoit de son père, sont moins sensibles, mais cependant bien plus considérables que ceux qu’il reçoit de sa mère. C’est ainsi qu’on s’aperçoit plus aisément des secours que tirent de la terre les plantes et les animaux, qu’elle porte et qu’elle nourrit, que de ceux qui leur viennent du ciel, dont les influences échauffent la terre, et la rendent féconde.

La tendresse d’une mère à l’égard de son fils, se borne aux soins du corps : l’amour d’un père va plus loin, et tend à former son esprit : ils agissent l’un et l’autre à peu près comme la matière et la forme dans la composition des êtres : le premier de ces deux principes donne la figure et les dehors d’un tel être ; le second donne l’essence et les propriétés.

Un père et un fils, qui remplissent l’un et l’autre leurs devoirs, ne doivent point avoir de vues tant soit peu intéressées : ils ne doivent pas même songer à s’attirer des éloges, comme s’ils étaient parvenus à une haute vertu. Il n’appartient qu’aux âmes basses et rampantes, de satisfaire à leurs obligations essentielles par de pareils motifs. Que vos services soient véritablement utiles et agréables à vos parents, et ne vous contentez point de simples apparences : ce serait imiter celui qui servirait de splendides repas devant le cercueil de son père, après l’avoir laissé mourir, faute de lui avoir fourni les aliments nécessaires.

Les enfants et les neveux doivent éviter de prendre le surnom de leur père et de leurs ancêtres, aussi bien que les surnoms des sages et des hommes célèbres du temps passé : ce serait manquer au respect qui leur est dû.

A quoi ne porte pas l’affection peu réglée des parents ? Combien en voit-on qui perdent leurs enfants, dans la crainte de leur déplaire, ou de les chagriner ? qui leur accordent tout ce qu’ils demandent, et qui leur laissent la liberté de faire tout ce qu’ils veulent ? Mais quelles sont les suites de cette liberté funeste ? Ils s’amollissent par le luxe, ils se livrent aux mauvaises compagnies, ils ne respirent que le jeu et le plaisir ; souvent ils deviennent prodigues et dissipateurs, ou ils se ruinent la santé par la débauche. Nos livres anciens et modernes le disent : c’est l’argent qui perd les enfants ; mais ce sont les parents qui contribuent à leur perte par l’argent qu’ils leur donnent.

Le devoir du père est de corriger les défauts de ses enfants ; le penchant de la mère est de les excuser : c’est ce que pratiquent les gens les plus grossiers, comme ceux qui se piquent de politesse. Si la mère pousse trop loin sa bonté naturelle, cette indulgence mal placée fera faire bien des fautes à ses filles. Si le père de son côté ne parle jamais à ses enfants, que d’un