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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/219

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au fond la salle pour recevoir les visites : qu’on entre ensuite dans une troisième cour, où soit l’appartement du maître de la maison : qu’il suive une quatrième cour avec les offices : que chacun de ces corps de logis ait quatre ou cinq chambres de plain-pied ; voilà tout ce qu’il faut pour les personnes les plus riches et les plus qualifiées. Mais quand vous achetez une terre, ne craignez point de l’acheter à un plus haut prix qu’elle ne vaut, le surplus que vous donnez, est compensé par plus d’un avantage. Premièrement, vous assistez celui que la misère force à vendre sa terre. En second lieu, vous lui ôtez l’envie de rentrer dans cette terre en vous remboursant, ou de demander en justice une augmentation de prix. Enfin, si après votre mort, vos enfants viennent à déchoir de leur fortune, ils auront plus de peine à vendre une acquisition, dont on ne leur offrira qu’une partie de ce qu’elle aura coûté. Car, comme dit le proverbe, la glace qui est fort épaisse, est plus longtemps à se fondre ; et les tuiles, qui sont épaisses et bien liées, sont plus difficilement emportées par l’orage.





De quelques règles de conduite auxquelles on ne fait pas assez d’attention.


Il y a des gens qui n’aiment que les vertus tranquilles, et qui écartent tout ce qui est pénible : pour justifier leur paresse, ils la couvrent du beau prétexte de soumission aux ordres du Ciel. Ignorent-ils que le Ciel leur ayant donné de l’esprit et des talents, il veut qu’ils les mettent en œuvre, et qu’ils le secondent, en faisant tout ce qui dépend de leurs soins et de leur vigilance ?

Je blâme également ces désirs inquiets de s’enrichir et de faire fortune. Jouissez paisiblement de la récompense que le Ciel a accordé à votre travail, et ne portez pas plus loin vos vues. Voici un proverbe assez connu, et dont vous devez vous appliquer le sens : que les voyageurs hâtent le pas, ou qu’ils aillent le train ordinaire, la journée étant fixée, ils n’ont que tant de chemin à faire. De même contentez-vous de la condition conforme aux talents que vous avez reçus du Ciel.

Le printemps donne des fleurs, et l’automne des fruits ; c’est là l’ordre des saisons. De même la science ne s’acquiert que par le travail. Nos lumières et nos connaissances se multiplient à proportion de nos efforts et de notre application. Une action passagère peut n’être pas remarquée : mais quand une passion est enracinée dans un cœur, il ne faut pas l’observer de bien près pour l’apercevoir.

Combien en voit-on qui ne cherchent rien moins que ce qu’ils paraissent chercher ? Ils auraient la passion qui les domine, quand même ils