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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/241

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peaux, ni porter un grand bonnet ; l’habit doit être simple, sans être doublé ; c’est au vêtement que l’on connaît l’estime qu’on fait de celui à qui on rend les derniers devoirs.

C’est par des manières civiles et honnêtes, qu’on témoigne le respect qu’on porte aux autres : si on a ce respect dans le cœur, il le produira au dehors par les civilités ordinaires ; si l’on néglige ces marques extérieures de considération, et qu’on les regarde comme de vaines pratiques, le cœur perdra bientôt les sentiments respectueux.

Les cérémonies (ly) se réduisent à quatre principales, qui sont la cérémonie de la prise de bonnet au temps de l’adolescence, les cérémonies du mariage, celles des enterrements, et celles du tsi, c’est-à-dire, des parfums qu’on brûle, des chandelles qu’on allume, des viandes et des fruits qu’on met devant le cercueil ou sur la sépulture, et des prosternations accoutumées. Le ly de la prise de bonnet n’est plus en usage ; les trois autres sortes de ly sont rapportées au long dans le livre Ouen kung kia ly. Si l’on fait plus qu’il n’est marqué dans ce cérémonial, cet excès naît de l’orgueil : si l’on fait moins, on se rend coupable d’une incivilité grossière : Kin yu man.





De la modération, ou du milieu qu’il faut tenir en toutes choses.


Que vos vêtements, vos meubles, votre table soient conformes à l’usage ordinaire des personnes de votre condition. Je ne blâme point qu’on aime à avoir des livres rares, de belles peintures, des inscriptions antiques, ni qu’on se plaise à orner sa maison de pots de fleurs bien propres, et de cuvettes où se nourrissent des poissons dorés : ce que je blâme, c’est de livrer son cœur à ces amusements, et de faire de grandes dépenses pour se les procurer.

Il y a cinq maladies mortelles des familles, la bonne chère, les bâtiments superbes, les longs procès, les vaines curiosités, l’indolence et la paresse : une de ces cinq maladies suffit pour abîmer une maison.

Un homme qui n’est pas à son aise, et qui veut passer pour riche ; un riche qui par avarice se refuse jusqu’au nécessaire ; voilà deux vices bien opposés, mais qui tendent l’un et l’autre à la ruine d’une famille. Toute la différence qu’il y a, c’est que le premier avancera plus vite cette besogne, et le second un peu plus tard.

On s’imagine qu’un homme riche, qui ne fait nulle dépense, n’a rien à craindre, on se trompe : comme on connaît son opulence, et qu’on attend de lui des secours qu’il n’est pas d’humeur de donner, tout le monde l’abandonne ; non seulement il se voit sans amis, mais il se fait autant