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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/250

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si c’était celle d’un autre. Voilà deux règles sûres pour ne point faire de fausses démarches.

Celui qui n’a jamais été malade, ne sait pas de quel prix est la santé ; il ne l’apprend que quand il lui survient une maladie. Celui qui vit dans sa maison sans nul embarras, ne connaît point son bonheur ; il s’en aperçoit quand il lui survient une fâcheuse affaire.

Supporter les défauts d’autrui, ce n’est pas y condescendre, les désordres du siècle trouveraient un appui dans les gens de bien ; nos anciens sages avaient beaucoup d’affabilité ; mais leur complaisance n’était pas aveugle, elle n’allait pas à flatter les vices, mais à gagner les vicieux pour les corriger.

Beaucoup réfléchir, et parler peu, c’est le secret de beaucoup apprendre.

Les grands génies sont peu éclairés dans les petites affaires, et les petits génies y sont très clairvoyants. La raison est que ceux-ci se défiant de leurs lumières, consultent des gens habiles, au lieu que ceux-là pleins d’eux-mêmes raffinent sur tout, et embrouillent les affaires les plus simples.

Si vous ne négligez point une petite affaire, elle ne deviendra jamais sérieuse : si vous ne vous alarmez point d’une affaire sérieuse, elle pourra devenir peu considérable.