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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/252

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avec des cordes. Il fit aussi faire ces cordes non de chanvre, mais de matières plus précieuses. Enfin il imposa d’autres taxes à cette occasion, et incommoda fort le peuple de son district.

Quand on vint à parler à Tsiang d’en faire autant ; ce n’est pas pour se divertir, répondit-il, que l’empereur vient ici ; c’est pour visiter ses provinces. D’ailleurs le chemin ordinaire suffit de reste pour ses tireurs. Pourquoi incommoder le peuple en détruisant ses maisons ? Je ne veux pas qu’on en abatte une seule ; je me charge de la faute, s’il y en a.

Un peu avant que l’empereur arrivât, on vint signifier à Tsiang un ordre qu’on disait être de l’empereur. Cet ordre portait qu’il eut à donner une liste des maisons considérables du lieu. Il n’y a ici, répondit-il, que quatre maisons considérables, savoir celle de l’intendant des salines, celle du gouverneur de Yang tcheou, celle de l’officier de la douane, et celle du magistrat subalterne de Kiang tou. Le reste de la ville, ajouta-t-il, n’est composé que du pauvre peuple ; il n’y a pas de lieu à en faire une liste.

Quelque temps après vint un autre ordre, suivant lequel il était dit que l’empereur voulait choisir quelques demoiselles des mieux faites de ce pays-là. Je n’en sache que trois, dit Tsiang, dans tout le district de Yang tcheou. L’officier qui portait l’ordre, demandant où elles étaient ? Ce sont mes filles, répondit-il ; si l’empereur en veut absolument d’ici, je puis lui livrer ces trois qui m’appartiennent : pour d’autres, je ne le puis. L’officier s’en retourna sans rien dire, et la chose en demeura là.


Autre exemple.


L’empereur voulant qu’on fît des armes en quantité, comme arcs, flèches, lances, etc, on publia un édit partout, portant obligation à chaque ville de fournir certaine quantité de matériaux propres à ces ouvrages. N’y ayant rien de semblable dans tout le district de Hai tcheou, le peuple s’offrit à fournir en colle de poisson l’équivalent de ce que l’édit portait, et en fit la proposition à son gouverneur : Non, dit le gouverneur, il est notoire que Hai tcheou n’a rien de ce qu’on demande. Donner l’équivalent en denrées du pays, c’est ouvrir la porte à un impôt qui pourrait bien durer toujours. Tout le monde trouva qu’il avait raison.


Autre exemple.


Dans le territoire de Tang yang, ville du troisième ordre, il y a un lac nommé Lien ; il ne faut qu’en détourner un pouce d’eau, pour la faire baisser d’un pied dans les canaux qui servent à conduire le riz à la cour ; aussi est-ce un crime capital. Dans une année que la sécheresse était fort grande, Hiu magistrat de Tang yang, demanda qu’il fût permis de détourner l’eau de ce lac, pour arroser les champs de riz ; et sans attendre la réponse, il le fit toujours par avance. Le magistrat supérieur