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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/263

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Domestique fidèle, intelligent, et attaché.


Tchao che gin, lettré de réputation, mais de peu d’expérience dans les affaires, n’ayant plus ni frère, ni neveu, perdit un fils qu’il avait, et mourut peu après lui-même dans l’embarras de plusieurs mécomptes, dont il était responsable. De sorte qu’il était réduit à la dernière pauvreté. Cependant il laissait trois filles dans un bas âge. Un seul esclave nommé Yen tse, pourvut aux besoins de ces trois filles. Il trouva le moyen par son travail et par son industrie, de ne les laisser manquer de rien ; et il se comporta toujours à leur égard avec tant de respect et de réserve, que pendant dix ans qu’il en eût soin, jamais il ne les regarda en face.

Quand il vit qu’elles devenaient grandes, il résolut de faire un voyage à la cour pour y découvrir quelqu’un de la connaissance de feu son maître, qui lui aidât à marier ces trois filles, conformément à leur condition. A peine fût-il à la cour, qu’il rencontra heureusement Li et , l’un docteur du collège impérial, et l’autre che lang[1] dans un des grands tribunaux. Il les suivit jusqu’à ce qu’ils fussent dans un endroit peu fréquenté. Alors se jetant à leurs pieds, il leur déclara, les larmes aux yeux, le sujet de son voyage.

Ces deux seigneurs, surpris et touchés, le consolèrent : Nous nous sommes connus feu votre maître et nous, lui dirent-ils, dès les premières années de nos études. Nous sommes fâchés d’avoir ignoré ses malheurs, et ravis que vous nous fournissiez une occasion de rendre un petit service à sa famille. Aussitôt ils donnèrent les ordres nécessaires pour faire venir sûrement et commodément ces trois filles. On les maria[2] avantageusement toutes trois, et Yen tse se retira fort content de son voyage.


Médecin charitable.


Yen yang s’était rendu par son application très habile médecin ; mais c’était en vue d’exercer cette profession par charité : et quoiqu’il guérît une infinité de malades, jamais il ne reçut rien d’aucun de ceux qu’il avait guéris. Non seulement il ne refusait ses remèdes à personne de ceux qui s’adressaient à lui dans leurs maladies ; mais si celui qui venait le trouver était pauvre, outre les remèdes, il lui donnait encore quelque aumône, afin qu’il pût se procurer les petits secours nécessaires dans sa maladie.


Riche charitable.


Tou yng sun vécut jusqu’à une extrême vieillesse, et fut jusqu’à la fin fort compatissant et fort charitable. Un homme de son voisinage devait

  1. Nom d'office.
  2. C'est bientôt fait en ce pays-ci, où il ne faut point de dot.