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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/270

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mais il fit toujours ses visites à pied jusqu’à l’âge de 80 ans. Quand on lui demandait pourquoi : Je crois, disait-il, cette dépense mieux employée à soulager les enfants malades de plusieurs pauvres familles. En effet il sauvait la vie à une infinité d’enfants, et il avait pour cela un talent rare. Sa charité ne se bornait cependant pas là. Si quelque pauvre malade avait besoin de gin seng, ou de quelque autre remède encore plus cher, il le fournissait à ses frais, le mêlait, sans rien dire, dans d’autres drogues communes, et le leur donnait, sans jamais le leur faire savoir. Il sauva de la sorte un fort grand nombre de pauvres gens. Un jour passant dans la rue, il vit un homme qui vendait sa femme, pour avoir de quoi payer à l’empereur ce qu’il lui devait. Khi ko lui dit de retenir sa femme, et paya sur-le-champ pour lui. Enfin à l’âge de quatre-vingt-sept ans, étant prêt de mourir, il vit venir comme au-devant de lui une jeune vierge, dont l’éclat surpassait celui de l’or et des pierres précieuses ; et toute la maison fut remplie d’une odeur plus agréable que celle des parfums les plus exquis. Depuis ce temps-là sa postérité a été nombreuse.


Exemple de charité.


Tcheou pi ta tout jeune encore, avait cependant un emploi à Chao sung, ville de Tche kiang[1]. Un écrivain de son tribunal, par une négligence coupable, fut cause que le feu prit à la maison. L’incendie qui se communiqua de maisons en maisons en ayant consumé un bon nombre, l’écrivain fut mis en prison, et il ne s’agissait de rien moins que d’être condamné à la mort. Avant que les procédures fussent finies, et portées aux tribunaux supérieurs, Tcheou s’informa de cet écrivain même, quelle peine il y avait pour un homme en charge, quand il arrivait que par sa faute, le feu brûlait les maisons du peuple. On le casse sans rémission, dit l’écrivain. Sur cela Tcheou alla déclarer, quoique faussement, que l’incendie était arrivé par sa faute ; et par la perte de son emploi, il sauva la vie à l’écrivain. Il se retira ensuite chez lui, étudia longtemps avec application, parvint aux plus hauts degrés des lettres, et obtint enfin le titre de kong[2].


Sur l’avarice.


Cette maison riche, mais dont la justice et la charité sont bannies, qu’est-ce autre chose qu’une montagne stérile, qui renferme en son sein de riches métaux, mais fort inutiles, s’ils n’en sortent ?


Sur le mauvais usage des talents.


Cet homme qui a tant d’esprit et de si beaux talents, et qui ne s’en

  1. Nom d’une province de la Chine.
  2. Titre d’honneur, comme duc, marquis etc.