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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/278

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fut ravie de voir qu’il ne faisait point de résistance, et le repas fut bientôt prêt. Quand on eût servi, Li tchong se mit à genoux au milieu de la salle, et adressant la parole à la femme de son frère aîné, comme à la maîtresse du logis : Je vous donne avis, lui dit-il, que j’ai une méchante femme ; elle tâche de me persuader d’oublier mon sang, et de me séparer de mes frères. Je vous avertis que je la renvoie ; cette faute le mérite. La chose s’exécuta, et la femme eût beau prier et pleurer, on la renvoya chez sa mère.


Tendresse et tentative d’un fils pour sa mère âgée et malade.


Tchao tse perdit son père étant encore enfant. Sa mère l’éleva très bien. Lui de son côté répondit parfaitement aux soins de sa mère, et eût toujours pour elle une tendresse extrême, et tous les égards imaginables. En voici un exemple assez singulier. Une nuit il entendit à sa porte une bande de voleurs prête à entrer et à piller sa maison. Il sort sans appeler au secours, de peur d’effrayer sa mère, va au-devant des voleurs, et leur adressant doucement la parole : Je vous abandonne, leur dit-il, ce qu’il y a dans ma maison d’argent, de grains, et d’habits, même ceux de ma femme, et le peu qu’elle a de bijoux. Je n’y aurai point de regret, pourvu que vous m’accordiez une chose ; c’est que tout se fasse sans aucun bruit, pour ne pas effrayer ma bonne mère, qui est malade et fort âgée. Il dit cela d’un air si tendre, que les voleurs en furent touchés, et se retirèrent. Il rentra pour prendre de quoi leur faire un présent ; mais il ne pût les atteindre.


Tendresse et piété d’un fils à l’égard de sa mère morte.


Ouang ouei yuen vivait du temps que les peuples occidentaux s’emparèrent de l’empire, et donnèrent commencement à la dynastie nommée Tsin. Par attachement pour son prince qui venait de perdre l’empire et la vie, jamais il ne s’assit tourné vers l’Occident, d’où était venu le nouvel empereur, qu’il ne croyait pas devoir reconnaître. Sa mère étant morte, il passa les trois ans de deuil dans une méchante hutte auprès du tombeau ; et là toute son occupation fut de pleurer tendrement sa mère. Ses disciples firent dans la suite un recueil des beaux vers qu’il composa sur ce sujet pendant ces trois ans : ces vers sont pleins des sentiments les plus vifs de regret et de tendresse : on n’y trouve rien autre chose. Au bout des trois ans du deuil il revint à sa maison ordinaire ; mais il n’oublia pas pour cela sa mère. Se souvenant qu’elle craignait le tonnerre pendant sa vie, et qu’elle voulait, quand il tonnait, que son fils ne fut pas loin d’elle, dès qu’il voyait venir un orage, il s’en allait au tombeau : et comme si sa mère avait pu l’entendre, il disait doucement, comme pendant qu’elle vivait : Ma mère, je suis ici.