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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/280

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tu vois que la division y règne. Oui, c’est ta faute, malheureux, il ne faut t’en prendre qu’à toi-même, et tu ne saurais t’en punir trop sévèrement. En se haranguant ainsi, il se donnait à lui-même de rudes coups ; et il continua de la sorte, jusqu’à ce que ses frères et ses belles-sœurs touchés de son zèle, et honteux de leur conduite, vinrent lui demander pardon à genoux, le remercier de son zèle à les corriger, et lui promettre de vivre dans l’union la plus étroite, comme ils firent en effet depuis.


Respect, et soins d’un fils pour son père et pour sa mère.


Le père de Hia yang étant tombé malade dans le fort d’un hiver très rude, ce bon fils pendant tout le temps de la maladie, qui fut longue, ne se reposa sur personne du soin de servir son père. Il voulut s’en charger lui-même ; et il s’en acquitta avec une si grande exactitude, qu’il avait toujours à la main tous les petits meubles nécessaires, soit pour les bouillons, soit pour les autres nécessités du malade. Le père étant enfin mort de cette maladie, Hia yang lui fit des obsèques convenables, et ne manqua jamais depuis de rendre ses devoirs à son père devant sa tablette, comme quand il était vivant et présent ; jusque là qu’il continuait à lui donner avis de tout ce qu’il entreprenait. Sa mère habituellement infirme, fut obligée de garder le lit pendant trois ans. Tout ce qu’elle prit de bouillons et de remèdes, ce fut son fils qui les lui donna de sa propre main. Tout occupé de la douleur que lui causait l’état où était sa mère, il était insensible à tout le reste ; et pendant ces trois années il n’entra pas même une seule fois dans la chambre où couchait sa femme. Une nuit sa mère témoigna souhaiter certains fruits secs qu’on nomme li. Malgré la neige qui tombait, et quoique les barrières des rues et les boutiques fussent fermées, il sortit pour aller acheter ces fruits ; et il trouva moyen de parvenir jusqu’aux boutiques où il y en avait à vendre. Mais tout le monde étant couché, il frappa longtemps, sans que personne répondît. Enfin il se mit à pleurer et à se lamenter si fort, qu’on ouvrit une boutique, où il acheta ce qu’il voulait. Il avait un fils qu’il aimait fort. Cet enfant ayant déplu à son oncle, cadet de Hia yang, l’oncle naturellement colère, le battit si violemment qu’il en mourut. Ce fut pour Hia yang une douleur bien sensible. Cependant le soin de ménager sa mère, et la crainte de la chagriner, lui fit resserrer en lui-même toute sa douleur ; et il fut assez maître de son ressentiment pour n’en rien laisser paraître au dehors.


Châtiment du Ciel différé en considération de la piété filiale.


Un jeune homme de Lin tchouen assez peu réglé dans le reste, conservait cependant pour sa mère infirme et âgée un très grand respect. Une nuit il entendit en songe un esprit qui lui disait : Demain sur le midi, tu seras frappé de la foudre, et tu en mourras. Le jeune homme demanda