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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/284

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Autre exemple.


Sous la dynastie Tang, Chin ki tsuen perdit son père de bonne heure. Il avait tant de respect et de tendresse pour sa mère, que de peur de lui faire la moindre peine, il aimait mieux souffrir des uns et des autres, que d’avoir querelle avec personne. Quelques gens de sa connaissance, qui ne pouvaient comprendre d’où lui venait tant de patience, et qui voyaient avec douleur, que bien des gens en abusaient, lui représentèrent que sa douceur était excessive, et le faisait passer pour un homme lâche et timide : On se trompe, leur dit-il, je ne suis ni lâche ni timide ; mais je suis fils et j’ai une mère : je crois devoir éviter de lui donner le moindre chagrin. Un jour qu’il passait une rivière avec sa mère, il s’éleva un fort gros vent. Au premier roulis de la barque, la pauvre mère tomba dans la rivière et se noya. Ki tsuen poussa un cri lamentable, se jeta aussitôt à l’eau, et quoiqu’il ne sût pas nager, prenant sa mère par le bras, il la tira de l’eau, mais déjà morte ; ce qui surprit tout le monde, chacun le croyant noyé lui-même, car cette rivière était profonde et fort agitée. Sie chou fang, surintendant de deux provinces, se trouva dans le voisinage, et fut instruit de ce fait. Il voulut en considération du fils, fournir de quoi faire à la mère des obsèques très honorables ; et il alla lui-même en personne lui faire la cérémonie qu’on appelle Tsi.


Autre exemple.


Tchin tsong étant en charge à la cour, sa mère et son frère aîné moururent dans leur pays qui était fort éloigné. De sorte qu’il se passa plus d’un an, avant que Tchin tsong en apprit la nouvelle. L’ayant reçue, il en donna avis à l’empereur, demandant la permission de se retirer, selon la coutume, pendant les années de deuil. Sa Majesté lisant l’endroit où l’on avait marqué l’année et le jour qu’il avait perdu sa mère : Comment, dit-elle, quand on est loin de son père ou de sa mère, ne doit-on pas continuellement penser à eux, et s’informer souvent de l’état de leur santé ? Si Tchin tsong en avait usé de la sorte, aurait-il ignoré la mort de sa mère ? Qu’il se retire, et pour toujours : jamais il n’aura d’emploi sous mon règne.

Siu tsi, qui vivait sous la dynastie Song, fut si sensible à la mort de sa mère, qu’à force de sangloter, il jeta du sang en quantité par la bouche, et demeura du temps comme mort. Il revint à soi : mais malgré l’épuisement où il se trouvait, il ne voulut rien boire ni manger pendant sept jours. Ayant fait les obsèques de sa mère, il passa les trois ans du deuil dans une méchante cabane auprès du tombeau. Pendant tout ce temps-là il ne quitta ni jour ni nuit ses habits de deuil, et le peu de sommeil qu’il prenait par nécessité, c’était en appuyant la tête sur un morceau de bois fort dur. Dans les plus grands froids, malgré la neige, se prosternant auprès du tombeau de sa mère, il s’informait comme pendant sa vie, si