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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/291

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temps réglés la cérémonie tsi revenait, et cela jusqu’à la dernière année de sa vie.

S’il était si tendre pour ses parents, il était aussi plein de douceur et de bonté pour les autres, et même pour les coupables. Étant en charge, il ne lisait jamais les pièces d’un procès criminel, qu’il ne dît en soupirant : Je voudrais bien sauver la vie à cet homme-là. Il faut cependant qu’il meure suivant les lois, et je suis obligé de le condamner, cela est triste. Un jour que j’étais auprès de lui, te tenant entre mes bras, il me dit en te regardant : Je sens bien que ma vie ne sera pas longue ; je doute fort que je voie ce cher fils dans un âge mûr. Ayez soin, ajouta-t-il, de l’instruire en ma place, et comme de ma part.

Ngeou yang sieou animé par les discours de sa mère, étudia avec ardeur, parvint bientôt au degré de kiu gin, puis à celui de tseng-sseë. Sa mère en eût une joie sensible ; mais elle ne laissait pas de l’avertir que l’ambition, le faste et la cupidité ne devaient pas être le fruit de ses études. Ngeou yang profita si bien de ces avis, qu’il devint dans la suite un sage ministre. Le prince qu’il servait, donna à la mère, en considération du fils, un titre[1] très honorable après sa mort.


Autre exemple.


Li pang yen[2] homme d’esprit, mais pauvre, ayant appris qu’en certain endroit l’on ouvrait des mines d’argent, y alla chercher fortune. Comme il avait de l’industrie, il y gagna d’assez grosses sommes, et il sut si bien les faire valoir, qu’en peu d’années il devint très riche. Ce succès lui donna du courage ; se sentant du mérite, il se servit de son bien, pour s’ouvrir le chemin aux grands emplois, et il devint enfin ministre d’État. Sa mère qui vivait encore, craignant que son fils ne s’oubliât dans ce haut degré de fortune, lui rappelait sans cesse le souvenir de ce qu’il avait été. Li pang yen prenait ses avis en très bonne part ; mais ses fils un peu moins dociles, témoignèrent à leur grand-mère, qu’ils s’ennuyaient de lui entendre si souvent répéter la même chose, à la honte de la famille. Je vous trouve bien délicats, leur dit-elle : lequel est le plus honteux, ou qu’un ministre d’État ait autrefois travaillé aux mines, ou bien qu’un homme qui a travaillé aux mines, soit parvenu à être ministre d’État ? N’est-ce pas la même chose ? Pourquoi donc rougir de l’un, n’ayant pas rougi de l’autre ?


Avis aux chefs de famille.


Toute maison bien réglée doit avoir pour maxime de fermer exactement la porte, et de ne jamais donner la moindre entrée à certaines femmes

  1. Comme qui dirait duchesse ou marquise te tel endroit.
  2. Li est le nom de famille. Pang yen est le nom personnel et distinctif de cet homme. Il en est de même des autres noms.