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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/293

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Une mère égorge son fils rebelle au prince.


Sous la dynastie Tang, Kou hoai nguen esclave entreprenant, se mit à la tête d’un parti formé contre l’empereur. Un jour sa mère lui reprochant son crime : Malheureux que tu es, lui dit-elle, malgré toutes mes remontrances tu te révoltes donc contre ton prince, dont tu n’as reçu que des bienfaits ? En prononçant ces paroles, elle prit un couteau qui se trouva là, le lui enfonça dans le sein, et en même temps s’écria : C’est à mon prince et à l’État que j’immole ce scélérat.


Un fils combat pour son prince contre son père, chef des rebelles.


Sous un autre règne, Li hoai quang faisant un parti contre l’empereur régnant, son fils Li kio quitta aussitôt son père, et s’en allant trouver l’empereur : Prince, lui dit-il, mon père, malgré moi, forme un parti contre vous. Je veux par ma fidélité réparer, autant qu’il est en moi, l’infamie de sa révolte. Si vous agréez mes services, j’espère de faire échouer ses desseins. Il marcha en effet par ordre du prince à la tête d’un corps de troupes contre l’armée des rebelles. Il les défit entièrement, dans un combat, mais il y perdit la vie.

Ces deux exemples ont fondé une espèce de proverbe, suivant lequel, pour exprimer que les enfants ne ressemblent pas toujours à ceux qui leur ont donné la vie, on a coutume de dire : Hoai nguen avait une sage mère, et Hoai quang, un sage fils.


Sur les jeunes gens.


Un ancien comptait trois métamorphoses de jeunes gens libertins. D’abord, disait-il, d’hommes qu’ils étaient, ils deviennent hoang[1] Il indiquait par là qu’ils mangent d’abord ce qu’ils ont de bien en terres. Ensuite, continuait-il, ils deviennent tou[2] Il indiquait par là qu’ils mangent leurs livres et leurs habits, après les avoir vendus. Enfin, ajoutait-il, ils deviennent tsiu[3]. Il indiquait par là qu’ils vendent leurs esclaves, et mangent bientôt ce qu’ils en ont tiré. On a changé le langage de cet ancien en un autre, qui revient au même. Un homme libertin et débauché, commence, dit-on, par devenir kieou yn[4], c’est-à-dire, qu’il vend ses champs, et dissipe l’argent qu’il en a reçu. Il devient ensuite pe y[5]. En troisième lieu il devient li[6], c’est-à-dire, qu’il vend jusqu’à ses enfants, pour fournir à ses dépenses, Après

  1. Sauterelles qui ravagent les campagnes.
  2. Ver qui ronge les livres et les habits.
  3. Ver qui ronge la chair humaine.
  4. Insecte qui mange la terre.
  5. Fourmi blanche qui ronge le bois, et ruine les édifices et les meubles.
  6. Poisson qui mange ses semblables.