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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/300

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bon fondeur, dit le proverbe, réussit sur toutes sortes de métaux ; et un habile lapidaire sait mettre en œuvre les pierres les plus brutes.


Contre la médisance.


Vous apprenez qu’on dit du mal de vous, dit le philosophe Tchao kang tsié : point de colère. Vous apprenez qu’on vous loue : point de joie. On dit du mal d’autrui en votre présence : gardez-vous bien de l’autoriser. On en dit du bien : dites-en, si vous en savez ; du moins soyez ravi qu’on en dise. Conformément à ce qu’on lit dans certaine ode : quand j’entends dire du mal d’autrui, cela me cause la même douleur, que me causeraient des épines aiguës qui me perceraient le cœur. Quand j’entends dire du bien d’autrui, cela me fait autant de plaisir, que l’odeur la plus exquise des fleurs les plus agréables.


Qu’il faut modérer ses désirs.


Ouang kien pong dit : Un homme paralytique ou boiteux, estime fort l’avantage de pouvoir marcher, et semble ne souhaiter autre chose. Un autre qui peut marcher librement, mais qui a un voyage à faire, fait cas d’une voiture douce et commode, et cherche à se la procurer. Il en est de même de tout le reste : rien ne contente pleinement le cœur de l’homme : il désire toujours quelque chose. Le sage modère ses désirs ; il s’accommode avec prudence aux occasions où il se trouve, et aux personnes avec lesquelles il faut qu’il traite ; s’il se trouve dans une affaire très pressante, où il s’agit d’un grand intérêt, il se contente de gagner du temps ; s’il ne peut pas faire autre chose, il sait se tirer avec succès des affaires qui sont ordinaires ; il s’estime heureux dans d’autres plus considérables et plus difficiles, d’en sortir à peu de frais : pour s’aider à soutenir, sans le laisser abattre, les évènements fâcheux de la vie, il les regarde comme autant d’éclairs, ou comme de légers nuages, et des pluies d’automne. Enfin il sait agir, ou se tenir en repos, user de condescendance ou de fermeté, selon les diverses occurrences.


Condescendance souvent nécessaire.


Il y a certaines affaires, où un homme qu’on presse se perd, et paraît coupable ; au lieu qu’il les débrouillerait, s’il avait du temps, et prouverait son innocence. Le presser en ces occasions, c’est cruauté. De même en matière de vice, il y a des gens sur lesquels on ne gagne rien par les instances les plus pressantes, et qu’on corrige peu à peu en usant de condescendance. Presser en ces occasions, ce n’est pas avoir du zèle.


Comment il faut se comporter avec les méchants.


S’accommoder des gens de bien, mais ne pouvoir vivre avec les