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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/311

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libertin la va bientôt vendre pour fournir à ses débauches. Enfin, si parmi ceux qui le verront dépouillé de tout par la mort, il y en a qui viennent lui offrir quelques monnaies de papier, il y en aura encore plus qui penseront à se venger sur ses enfants, de ce qu’ils auront eu à souffrir de sa fierté ou de ses injustices.

Faisant réflexion sur ce que je viens de rapporter d’après Tchao ting ché, et pensant aux moyens de bien mourir, je demande avec étonnement : Pourquoi ne les prend-on pas d’où il faudrait ? Pourquoi recourir à ce qu’en disent de fausses sectes ? Nos philosophes Kong et Mong ont dit sur cela tout ce qu’il faut. Personne n’y fait attention.


Vains projets d’un empereur.


Tsin possédait en même temps six royaumes. Ne pouvait-on pas dire, voilà un homme riche, puissant, heureux ? Il se mit en tête de bâtir un vaste palais. Il fatigua pour cela tous ses voisins : il lui en coûta à lui-même beaucoup de soins. Enfin il vint à bout de son entreprise. Il commençait à s’en applaudir, et se flattait que sa postérité jouirait éternellement dans ce palais, du fruit de ses peines. Il meurt ; et son corps à peine froid est aussitôt mis dehors. Un autre qui ne lui était rien, devient maître de ce palais et de tout l’empire. S’il y a, comme l’on dit, des esprits follets sur le mont Li où ce prince est inhumé, ils n’auront pu se tenir de rire, de voir où ont abouti dans un moment, tant de soins, tant de projets, et tant d’espérances.


Vie que menait l’empereur Yng tsong, racontée par lui-même.


L’empereur Yng tsong s’entretenant un jour avec Li hien : Voici, lui disait-il, la vie que je mène. Je commence la journée par donner audience aux Grands de ma cour et à mes ministres. Après avoir reçu leurs hommages, je vais rendre les miens à ma mère. Ensuite je pense aux affaires de mon État ; et quand j’ai expédié ce qui se présente, je prends mon repas, sans m’embarrasser trop de l’heure, et sans faire beaucoup de choix entre les mets qu’on me sert. J’en use à peu près de même pour les habits : je ne suis point curieux d’en porter de beaux et de riches : les plus simples me sont bons : et quand j’en ai porté de toile, je n’ai pas vu que pour cela on m’ait moins reconnu pour empereur.


Contre le luxe.


Aujourd’hui quiconque est fils d’un homme riche et dans les charges, veut aussitôt faire belle figure et grosse dépense. C’est un abus. Si ces jeunes gens savaient se modérer, aller vêtus de simple toile, vivre de pois ou d’autres légumes, s’appliquer uniquement à l’étude, et pour faire plus de progrès, s’associer quelque étudiant pauvre, mais de bon esprit, ils gagneraient à cela doublement. Car outre qu’ils épargneraient