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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/316

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lettré nommé Tseou, vint aussi féliciter le nouveau yong tsai. Mais tout son prêtent fut trente deniers de cuivre, qu’il tira de sa manche pour les lui offrir. Cela est bien, dit Hai ; ce présent m’est très agréable. Il le reçut, et au bout de quelques jours, il répondit à la civilité de Tseou, en l’invitant à manger. Le repas consista en quatre assiettes, un plat de petits pains fort communs, et à chacun quelques coups de vin.


Autre exemple.


Li ouen tchin fut toujours ennemi du faste, même étant ministre d’État. Sa modestie était si grande, qu’entre son train et celui des lettrés du commun, il n’y avait point de différence. Un jour, quelque officier qui ne le connaissait pas, le rencontrant en son chemin, le brusqua mal à propos, et lui fit insulte. Depuis ce temps-là, Li avait soin de se cacher, dès qu’il apercevait cet homme au palais : si cet officier, disait-il, venait à me reconnaître, il aurait de la confusion. Épargnons-lui cette peine.


Patience et modération à souffrir les injures.


Ouang lan pien et Sie vou pien ayant procès ensemble, celui-ci, homme violent, alla trouver sa partie, et l’accabla d’injures. Ouang lan s’étant levé pour le recevoir, baissa modestement les yeux, écouta tout sans rien répondre, et demeura froid comme un marbre. L’autre las de crier, se retira. Il était déjà bien loin, lorsque Ouang, sans lever les yeux, demanda aux officiers de son tribunal, si Sie s’en était allé. On lui répondit qu’oui. Aussitôt il reprit sa place, et l’occupation qu’il avait interrompue.


Fruit de la patience.


Tchu gin kouei dit : Cet homme qui dans les rues fait toujours place aux plus pressés, qu’y a-t-il perdu ? Quelques centaines de pas, et rien davantage. Cet autre qui n’a jamais pu se résoudre à disputer des limites de ses terres avec ses voisins ; qu’y a-t-il pareillement perdu ? Quelques pieds de terre. Cela en vaut-il la peine ? Écoutez le commun proverbe : La patience peut l’emporter sur la plus méchante étoile. Que je trouve cela bien dit !


Conduite qu’on doit tenir avec les langues médisantes.


Tchin hao eut toute sa vie beaucoup d’horreur pour la médisance. Bien loin de publier lui-même les fautes ou les défauts d’autrui, quand on le faisait en sa présence, il les écoutait froidement et sans rien dire. Le médisant n’avait pas plutôt cessé de parler, que Tchin prenant la parole, réfutait de point en point, s’il le pouvait, tout ce qu’on venait de dire.