Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du moins ne manquait-il point de le faire en général, comme n’étant fondé que sur des bruits peu certains, ou sur le rapport de gens suspects : et pour empêcher autant qu’il pouvait qu’on ne crût ces bruits, s’il savait quelque chose d’avantageux à celui sur qui tombait la médisance, il le faisait valoir de son mieux.


Réponse d’un officier de guerre à ceux qui voulaient l’aigrir contre son prince.


Kouo Tsu y étant grand officier de guerre, et dans un poste fort important, dressa un mémoire pour la cour, demandant certaines grâces, et proposant quelques réformes. Ce mémoire ayant été sans effet, tous les amis de Kouo et les officiers de ses amis en furent choqués. Ils lui témoignèrent en murmurant leur surprise et leur chagrin, de ce que la cour n’avait pas pour lui les mêmes égards que pour ses prédécesseurs, gens qui ne le valaient pas. Il est vrai, dit-il, qu’on accordait facilement à mes prédécesseurs ce qu’ils demandaient, c’est qu’on ne comptait pas trop sur eux, ils avaient besoin d’être ménagés. Pour moi on me refuse sans ménagement, c’est que mon prince est bien sûr de ma fidélité. Il me fait honneur, et me rend justice. Cela mérite des conjouissances, et non pas des plaintes ou des murmures.


Avis d’un philosophe à un censeur des défauts d’autrui.


Certain lettré, homme naturellement prompt et sévère, reprenait sans cesse et avec aigreur, tout ce qu’il voyait de peu réglé dans les autres. Ouang yang ming l’ayant remarqué, lui fit un jour cette leçon. Faire de fréquents retours sur soi-même, c’est le vrai chemin de la sagesse : quand on y aspire sincèrement, il ne convient point de tant s’occuper à reprendre autrui ; l’on n’en a ni le temps ni l’envie, lorsque bien attentif à soi-même, on voit qu’on a beaucoup à corriger et encore plus à acquérir. D’ailleurs, reprendre un homme sans vertu, trop librement et trop fréquemment, c’est l’irriter et rendre par là son amendement plus difficile. Siang, tout incorrigible qu’il paraissait, fut cependant converti par Chun. Comment cela ? C’est que Chun en usa toujours avec Siang, comme s’il n’avait pas remarqué ses fautes. Voilà quel fut le secret de Chun pour faire une conversion si difficile.


Réflexions.


Voyez-vous ces montagnes hautes et escarpées, il n’y croît rien : ou s’il y naît quelques herbes, elles sont bien mal nourries, et bientôt sèches. Au contraire, dans ces vallons, et même sur ces collines à douce pente et à divers contours, que de beaux bois ! que de belles plantes ! Voyez-vous ces torrents et ces ravines, on n’y trouve point de poisson : au lieu que dans ces eaux lentes et profondes, on en trouve en quantité. Appliquez cela aux hommes : vous trouverez que ceux qui sont