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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/319

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véritablement, voilà Tchang qui vient, va lui tirer un des pendants de son bonnet. Si tu n’oses pas le faire, nous te regarderons comme un lâche, malgré toutes tes bravades. L’ivrogne se piqua d’honneur ; et passant auprès de Tchang, lui enleva brusquement un des pendants du bonnet. Tchang passant son chemin sans rien dire, fit signe à ses gens de dissimuler. Quand l’ivresse fût passée, le jeune homme sentit sa faute, et en fut au désespoir. Il reprit cependant courage. Le lendemain Tchang devant sortir, il s’alla prosterner sur son chemin, mettant sur sa tête le pendant qu’il avait arraché le jour précédent. Tchang fort en cérémonie, n’ayant à son bonnet qu’un pendant, ayant aperçu de loin ce jeune homme ainsi prosterné par terre, il en demanda la raison. On lui dit ce que c’était : Prenez, dit-il à un de ses domestiques, ce pendant qu’il m’ôta hier. Du reste il ne dit, ni ne fit rien à ce jeune homme qui l’avait insulté.


Maximes pour le temps des adversités.


Il vous survient quelque traverse ; examinez ce qui vous l’attire, autant que cet examen peut servir à la soutenir comme il faut. Si vous ne pouvez la supporter avec joie, que ce soit du moins sans trouble et avec patience. Vous rencontrez des obstacles et des embarras : ce sont autant d’occasions de vous purifier et d’avancer. Oui, vous vinssent-ils du démon, il est toujours en votre pouvoir d’en tirer cet avantage. La patience dans les adversités n’est pas seulement une marque de courage ; c’est encore un exercice très propre à faire acquérir promptement ce qu’on appelle grandeur d’âme.


Exemple de modération.


Ho vou et Tai chin étaient ennemis. Tai chin eut occasion de décrier Ho vou en cour, et il ne la manqua pas. Ho vou le sut, mais sans s’en plaindre à personne, et sans jamais chercher à lui rendre la pareille. Il arriva qu’un fils de Tai chin ayant quitté son pays, fut pris avec une troupe de voleurs, dont Ho vou fut nommé le juge. Tai chin qui en eut avis, regardait déjà son fils comme jugé à mort, lorsqu’on lui vint dire que Ho vou l’avait élargi. Ce trait de générosité inspira à Tai chin une extrême confusion de sa lâcheté. Il estima toujours depuis Ho vou, et se réconcilia de bonne foi avec lui.


Autre exemple à peu près semblable.


Fang king pe après avoir eu des démêlés avec Leou kien hou, et en avoir même reçu d’assez mauvais traitements, fut nommé gouverneur de Tsin ho, pays natal de Leou kien hou. Les fils de celui-ci bien instruits des démêlés qu’avait eu leur père avec le nouveau gouverneur, pensèrent à s’aller vite établir ailleurs pour se soustraire à son ressentiment. Mais Fang n’est pas plus tôt appris leur retraite, qu’il fit chercher où ils étaient,