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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/320

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les pressa de revenir dans leur terre natale, et leur procura même les emplois et les avantages qui purent dépendre de lui. C’est ainsi, disait-il, qu’en doivent user les gens d’honneur. Ce serait une honte pour eux d’imiter le commun des hommes. Il faut que dans toute leur conduite ils aient soin de s’élever au-dessus des idées vulgaires.


Autre exemple.


Sou hoei, ministre d’État, ayant été spécialement chargé de certaine affaire, un yu[1] sseë sur des fondements frivoles, voulut le rendre suspect. Sou l’apprenant, monte à cheval, et va demander la permission de se retirer. Ses amis lui représentèrent que pouvant facilement éclaircir cette affaire, il ne devait pas quitter ainsi la partie : Il est vrai, dit Sou, je puis démontrer la fausseté de ce qu’on m’impute. Mais je ne puis pas m’y amuser. Il ne suffit pas, pour un bon ministre, qu’il soit exempt de faute ; il doit encore être sans reproche, et hors d’atteinte du plus léger soupçon. Un tel me soupçonne, fût-il le seul, je conclus que ma vertu ne répond pas à mon rang. Suen gin qui régnait alors, fit ce qu’il put pour le retenir : mais ce fut inutilement.


Sage réponse d’un philosophe.


Que faire quand quelqu’un nous maltraite de paroles, demanda-t-on un jour à Liu ? Je distingue, répondit-il ; si vous êtes égal ou supérieur à celui qui vous traite ainsi, regardez-le, quel qu’il soit, comme ne faisant qu’un avec vous. Dès lors disparaîtra l’idée d’insulte, et par conséquent la colère. Que si vous êtes inférieur, vous pouvez encore prendre une autre vue qui n’est pas mauvaise, et vous dire à vous-même : Eh ! qui suis-je en comparaison de lui ? Vouloir le traiter comme il me traite, ce serait m’égaler à lui, et sortir de ma condition ; cela n’est pas raisonnable. Si cette considération ne suffit pas pour calmer entièrement les mouvements de la colère, elle vous aidera du moins à les modérer.


Réponse d’un grand officier de guerre à un défi que lui portait un homme sans nom.


Sous le règne de Yuen yeou, il sortit de l’armée des Occidentaux un je ne sais qui, sans nom, lequel vint assez fièrement porter un défi à Tchong suen, grand et fameux officier de guerre. On ne met point en parallèle, dit Tchong suen, un char et une charrette, et l’on ne voit point une aigle se battre contre une pie. Un homme qui est en place, ne doit pas se commettre avec un homme sans nom : s’il le faisait, il aurait peut-être du dessous ; mais quand il serait assuré de la victoire, il lui serait plus honteux d’être entré dans un tel combat, qu’il ne lui serait glorieux d’en

  1. Docteur attaché à la Cour et à la personne de l'empereur.