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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/321

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être sorti vainqueur. Tout le monde applaudit à cette réponse ; et celui-là même qui avait porté le défi, ne pût s’empêcher de l’approuver.


Avis donnés avec sagesse.


Tching y et Ouang ouen étaient collègues à la cour. Leur charge était de présider tous deux aux cérémonies du palais. Il arrivait quelquefois que Tching tardait à se rendre dans la salle. Ouang bien loin de l’attendre, se pressait de faire donner le signal, et de faire commencer les cérémonies avant que son collègue fût arrivé. Un jour Tching vint le premier, on l’avertit que tout le monde était assemblé, et on lui demanda s’il ne voulait pas que le signal se donnât, et qu’on commençât les cérémonies. Non, dit-il, attendons un peu. Comme il ne manquait que son collègue, chacun vit bien que c’était pour lui qu’il faisait attendre : J’ai eu tort, dit Ouang, quand il le sut ; je devais ci-devant en user de la même manière ; Tching m’apprend à vivre.


Autre exemple.


Ye tchun de petit officier d’un tribunal inférieur, était monté par degrés aux premiers emplois. L’empereur Suen ti l’envoya avec Hiong kai visiter quelques provinces. Un jour qu’il se trouva manquer quelque chose dans le logis qu’on leur avait préparé, Hiong fit cruellement fustiger les petits officiers des tribunaux, et les chargea de mille injures. Comme il ne finissait point, Ye prit la parole, et l’adressant à ces petits officiers : Camarades, leur dit-il avec bonté, il faut veiller avec soin à ce qui est de votre emploi ; encore est-il difficile, dans la condition où vous êtes, d’éviter les coups et les injures. Aussitôt Hiong se tut, et fut honteux de n’avoir pas fait attention à ce qu’avait été son collègue.


Exemple de modération.


Tchang king étant président du grand tribunal des crimes, il lui survint un soir tout à coup une affaire pressante, dont il fallait faire le lendemain son rapport à l’empereur. Il fit venir un écrivain, se mit à son bureau, et dressa les écritures nécessaires, ce qui le mena jusqu’après minuit. Ces écritures prêtes, comme il pensait à prendre un peu de repos, l’écrivain heurta par hasard une chandelle, et la renversa. Le feu prit aux papiers, en brûla une partie, et le suif gâta le reste. L’écrivain se jette à genoux, se croyant perdu : C’est un malheur, dit doucement Tchang ; levez-vous, et recommençons.


Autre exemple.


Tcheou chou ye passant en chaise dans une rue, un jeune étourdi le montrant au doigt ; ce lettré, dit-il à ses camarades, est, dit-on, la