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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/327

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s’y accoutume ; il n’effraye plus. Quelques importants que soient vos discours, qu’ils ne soient ni trop fréquents, ni trop longs.


Qu’il faut se proposer les grands hommes pour modèle.


Tchang tse fit mettre en son cabinet les portraits de Confucius, de Yen tse, et de plusieurs autres fameux lettrés. Soir et matin il passait certain temps à les regarder avec attention, et il en tirait, disait-il, cet avantage, qu’il en était plus retenu. Oui, disait souvent Tchang tse lui-même, quand paraissant devant les portraits de ces grands hommes, je me sens coupable de quelque faute, je n’en suis pas moins honteux, que si j’en recevais publiquement une punition flétrissante.


Conduite de l’homme sage.


Ce que peut l’homme en ce monde, est bien peu de chose, et les succès qu’il peut se promettre, sont bien bornés. Quel est celui qui ait jamais eu l’approbation de tout le monde, et de qui l’on n’ait jamais dit du mal ? Aussi n’est-ce pas à quoi doit aspirer un homme sage. Ce qu’il se doit proposer, c’est de tout faire le mieux qu’il peut, pour n’avoir rien à se reprocher : et quand, malgré son application, il lui échapperait quelque faute, il ne doit pas s’en troubler. Écoutons les plus sages et les plus vertueux de nos anciens : Ayez peu à vous repentir, nous disent-ils ; c’est-à-dire, faites peu de fautes. Ils savaient, ces grands hommes, qu’on ne peut les éviter toutes. Cette vérité bien pénétrée, jette dans le cœur une grande paix.


Le véritable bonheur.


L’innocence dans le cœur, et la santé dans le corps, sont les deux principaux biens de la vie. L’une fait le bonheur de l’esprit, et le bonheur du corps dépend de l’autre. Le reste en ce monde me touche peu. Mais après la mort dans l’autre vie quel est ce séjour des morts ? Des traditions y ont mis du feu. Pour moi, je crois pouvoir l’appeler un lieu d’exil. Quoi qu’il en soit, quand certain de mes amis me dit avec inquiétude, qu’il ne sait comment tout ira dans cette nouvelle demeure ; je lui réponds, sans hésiter, que tout ira bien pour ceux qui dans la première auront rempli tous leurs devoirs ; mais que ceux qui auront fait tort aux autres, et peut-être à leurs propres frères, y auront à souffrir des peines qu’ils ne pourront soutenir, et qu’ils n’en seront pas quitte, pour avoir avant leur mort renoncé aux grandeurs du monde, comme quelques-uns le font, et s’être retirés dans la solitude.


Maximes.


On vous propose une occasion de vous élever, ou de faire un gain ;