Aller au contenu

Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Exemple d’un fils docile aux avis de son père.


Seou Pao avait un père qui lui recommandait sans cesse d’avoir le vin en horreur. Il lui arriva après la mort de son père, de s’enivrer quelquefois par compagnie ; mais aussitôt rentrant en lui-même : malheureux que je suis, se disait-il ; je suis obligé comme magistrat de retenir les autres dans le devoir ; comment puis-je espérer d’en venir à bout, oubliant, comme je fais, les instructions de feu mon père ? Après s’être fait ce reproche, il s’en allait au tombeau de ses ancêtres, et se punissait de trente coups qu’il se donnait.


Réflexions.


Cet homme, en repassant sur tout le passé, se rend à soi-même le témoignage qu’il n’y a rien à redire. Qu’il est à plaindre ! jamais il n’avancera dans la vertu ; il mourra avec ses défauts.

Voyez-vous ce papillon qui revient sans cesse à la chandelle, jusqu’à ce qu’enfin il s’y brûle. Voluptueux, voilà votre image.

Conserver sans cesse le souvenir de ses erreurs, et le repentir de ses fautes, c’est un excellent moyen d’avancer dans la vertu.


Ami solide.


Liu tai étant en crédit, reconnut du mérite en Siu yuen, et surtout beaucoup de franchise et de droiture. Il le produisit, et le poussa de manière qu’il parvint au rang de yu sseë. S’il arrivait à Liu tai de faire quelque faute, Siu yuen l’en reprenait sans déguisement ; et s’il se trouvait avec quelques autres qui fussent instruits des fautes de Liu tai, et qui en parlassent, Siu yuen le blâmait tout le premier, quand en effet il avait tort. Quelqu’un le redit à Liu tai, croyant par là les brouiller ensemble : Il n’y a rien en cela qui me surprenne, ni qui m’offense, dit Liu tai : je connais Siu yuen il y a longtemps, et c’est par cet endroit qu’il me plaît le plus.

Quelque temps après Siu yuen mourut ; Liu tai en parut inconsolable. Hélas ! disait-il en le regrettant, que ce cher ami m’était utile ! Maintenant que je l’ai perdu, qui m’avertira de mes défauts ?


Droiture reconnue et récompensée.


Au commencement du règne de Hiuen tsong, un Grand du royaume puissamment riche, entreprit de se faire des créatures. Il voulut surtout gagner les officiers qui étaient en place à la cour, et qui approchaient le plus du prince : il distribua pour cela de très grosses sommes ; et il n’y eût guère que Song king, dont le désintéressement était connu, qui n’eut point de part à ses largesses. La chose s’étant éventée, l’empereur parut vouloir punir tous ceux qui avaient touché quelque présent. Song king