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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/346

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se fit leur intercesseur, et obtint du prince qu’il leur fît grâce : Vous êtes un brave homme, lui dit obligeamment l’empereur ; votre vertu est digne des anciens temps : vous êtes le seul que les largesses d’un tel n’ont pu tenter. Song king refusant modestement cet éloge : Pardon, grand prince, répondit-il, vos louanges tombent à faux ; un tel ne m’a rien offert ; ainsi je n’ai point eu le mérite de refuser. Ce trait de droiture et de modestie plut infiniment à l’empereur, et lui donna pour Song king encore plus d’estime qu’il n’en avait.


Sage conseil donné à un empereur.


Le gouvernement de l’empereur Suen ti, étant tyrannique en certains points, Lo kiun, qui était en place, lui donna sans ménagement des avis en pleine audience. L’empereur en fut si choqué, qu’il était comme résolu de lui faire couper la tête. Yuen nien que le prince aimait, et qui souhaitait fort de sauver Lo kiun, demanda une audience secrète. L’ayant obtenue : Prince, lui dit-il, le bruit court que Votre Majesté veut faire couper la tête à Lo kiun. Si la mort était pour lui une peine, je n’oserais m’y opposer. Mais je prie Votre Majesté de faire attention, que Lo kiun en faisant ce qu’il a fait, a compté qu’il lui en coûterait la vie. Il s’est proposé de devenir ainsi fameux dans les siècles à venir. Par conséquent le faire mourir, c’est justement donner dans ses vues. Pensez-y, je vous en conjure. Pour moi, si j’en étais cru, on le punirait par l’exil. Il serait ainsi frustré de ses espérances ; et cette conduite aurait un air de modération, qui vous ferait encore honneur. L’empereur suivit ce conseil. Ainsi Lo kiun évita la mort.


Beau caractère.


Kin kou entr'autres bonnes qualités, avait celle d’excuser toujours, autant qu’il pouvait, les défauts d’autrui. S’il voyait quelqu’un faire une faute : Cet homme est excusable, disait-il à ses amis ; car si nous autres, qui faisons une profession particulière de vertu, à qui toutes sortes de moyens en facilitent la pratique, qui nous y exhortons sans cesse les uns les autres ; si, dis-je, nous autres, nous ne sommes pas exempts de fautes, qu’y a-t-il de surprenant que cet homme en fasse, lui, à qui peut-être tout cela manque ?


Que la vertu se fait respecter des plus méchants.


Ko tsong hien commandant les troupes à Tsong vou tsié, sut qu’un homme riche de Hiu tcheou avait de belles pierreries. Voulant les avoir, et ne voyant pas comment s’y prendre, il choisit deux des plus déterminés d’entre les soldats, et les chargea d’entrer pendant la nuit chez cet homme, de le tuer, lui et sa femme, et d’enlever les pierreries. La nuit venue, ces soldats trouvèrent moyen de se cacher dans l’enclos,