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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/377

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sceau du tribunal astronomique, et couverts de drap jaune. Chaque table porte le nom du mandarin, ou du tribunal, à qui les calendriers appartiennent.

Les porteurs qui se déchargent de leurs fardeaux à la dernière porte de la grande salle, et qui les arrangent avec les tables des deux côtés du passage, qu’ils appellent impérial, ne laissent au milieu que la machine qui porte les calendriers impériaux.

Enfin les mandarins de l’académie astronomique prennent les calendriers de l’empereur et des reines, et les portent sur deux tables couvertes de brocard jaune, qui sont à l’entrée de la salle impériale. Là ils se mettent à genoux, et après s’être prosternés trois fois jusqu'à terre, ils livrent les calendriers aux intendants du palais. Ceux-ci marchant chacun à leur rang, vont les présenter à l’empereur, puis les eunuques les portent à l’impératrice et aux reines.

Cependant les mandarins astronomiques retournent à la grande salle, où sont les mandarins de tous les ordres, auxquels ils distribuent les autres calendriers de cette manière.

Premièrement, tous les princes envoient chacun leur premier officier au passage impérial, où ils reçoivent à genoux le calendrier de leurs maîtres, et ceux des mandarins qui sont à leur suite : ce qui monte du moins à douze ou treize cents calendriers pour la cour de chaque prince.

Paraissent ensuite les autres seigneurs, les généraux d’armée, les mandarins de tous les tribunaux, lesquels reçoivent à genoux le calendrier de la main des mandarins astronomiques.

Quand la distribution en est faite, chacun d’eux va reprendre son rang dans la salle, et se tournant du côté le plus intérieur du palais, au premier signal qui se donne, ils se jettent tous à genoux, et se courbent trois fois jusqu’à terre. Après trois génuflexions et neuf profondes inclinations de tête, en reconnaissance de la grâce qu’ils viennent de recevoir de l’empereur, ils s’en retournent dans leur hôtel.

A l’exemple de la cour, les gouverneurs et les mandarins des provinces reçoivent le calendrier de la même manière dans la capitale, chacun selon son rang. Pour ce qui est du peuple, il n’y a point de maison si pauvre, qui n’achète chaque année le calendrier ; et c’est pour cela qu’on en fait imprimer dans chaque province vingt-cinq à trente mille par an.

Au reste, c’est un ouvrage si respecté des Chinois et de leurs voisins, et si important dans l’État, que pour se déclarer sujet et tributaire du prince, il suffit de recevoir son calendrier ; et que de le refuser, c’est lever l’étendard de la révolte.

Une marque sensible de la vénération qu’ont ces peuples pour leur calendrier et pour leur astronomie, c’est que Yang quang sien, le plus grand ennemi du nom chrétien, dans un livre plein de calomnies qu’il publia pour décrier la religion et l’astronomie européenne, répète à chaque page, qu’il est indigne de la majesté de l’empire, d’assujettir leur