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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/383

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avaient condamné l’astronomie d’Europe, et qu’ils protégeaient les astronomes chinois, il saisit cette occasion de casser et d’annuler tous les actes qu’ils avaient faits. C’est pourquoi quelques-uns de ceux en qui il avait le plus de confiance, lui conseillèrent secrètement de rendre cette assemblée la plus auguste et la plus solennelle qu’il serait possible.

On y lut publiquement la requête du P. Verbiest, sur laquelle les seigneurs, et les principaux membres du Conseil prononcèrent unanimement, que la correction d’un calendrier étant une affaire importante, et l’astronomie une science difficile, dont peu de gens sont capables, il fallait examiner en public et par les instruments de l’observatoire, les fautes énoncées dans sa requête.

Cet arrêt du Conseil fut confirmé par l’empereur, qui nomma outre les colao et les mandarins, tous les présidents des grands tribunaux, et vingt mandarins de la première classe, pour assister aux observations du soleil et des planètes qui devaient se faire à l’observatoire.

Le suprême tribunal des rits, auquel celui de l’astronomie est subordonné, fit venir le P. Verbiest et l’astronome mahométan, et leur donna ordre de régler de bonne heure les observations qu’il fallait faire, et de les mettre par écrit avec la manière d’observer. Le Père avait déjà calculé le lieu du soleil, de la lune, et des autres planètes qui paraissaient durant la nuit, marquant jusqu’aux degrés et aux minutes du zodiaque où nos tables d’Europe les mettaient en de certains jours, pour lesquels celles du mahométan se trompaient davantage. Ses supputations furent présentées aux mandarins de ce tribunal, qui régla que l’un et l’autre iraient à l’observatoire, et que chacun prenant un des instruments que l’on y voit, et le dressant vers le soleil, cachèterait et signerait de sa main le degré et les minutes, où il jugeait que chaque planète devait être.

La première observation se fit donc le jour auquel le soleil entre dans le quinzième degré du Verseau. Un grand quart de nonante que le père avait disposé dans le méridien, montrait avec son alidade la hauteur méridienne que le soleil devait avoir ce jour-là, et la minute du zodiaque qu’il devait occuper à l’heure du midi.

Il y avait déjà dix-huit jours qu’il avait affermi l’alidade dans cette situation, et qu’il y avait posé son cachet. Quand le jour et l’heure furent venus, le rayon du soleil s’insinuant par une des pinnules, n’était nullement éloigné de l’autre. Un sextant de six pieds de rayon qu’il avait encore placé dix-huit jours auparavant à la hauteur de l’équateur, montrait la déclinaison du soleil avec tant d’exactitude, qu’on n’y pouvait trouver le moindre défaut.

Quinze jours après, le Père eut le bonheur de réussir de la même manière, en observant avec les mêmes instruments l’entrée du soleil dans le signe des Poissons. Cette observation lui était nécessaire pour décider la célèbre question, s’il fallait ôter ou non le mois intercalaire du calendrier