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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/459

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bien traité ; n’y aurait-il pas moyen de faire sortir d’ici mon fils, afin qu’un jour il venge sa famille ?


TCHING YNG.


Madame, je vois bien que vous ne savez pas encore tout. Le traître de Tou ngan cou a su que vous étiez accouchée d’un fils, et il a fait afficher à toutes les portes, que si quelqu’un ose cacher ce petit orphelin, on le fera mourir, lui, et toute sa famille : après cela le moyen de le cacher, et de le faire sortir de ce palais ?


LA PRINCESSE.


Tching yng, on dit ordinairement que lorsqu’on a besoin d’un prompt secours, on pense à ses parents ; et que quand on est en danger, on s’appuie sur ses anciens amis : si vous sauvez mon fils, notre maison aura en lui un héritier. (Elle se met à genoux.) Tching yng, ayez compassion de moi : les trois cents personnes que Tou ngan cou a fait massacrer, sont renfermées dans cet orphelin.


TCHING YNG.


Madame, levez-vous, je vous en conjure. Si je cache mon petit maître, et que le traître vienne à le savoir, il vous demandera où est votre fils ; vous lui direz : je l’ai donné à Tching yng ; moi et toute ma famille, nous en mourrons ; encore passe : mais votre fils n’en périra pas moins.


LA PRINCESSE.


C’en est fait ; allez-vous-en, Tching yng, ne vous épouvantez point, écoutez-moi. et voyez mes larmes. Son père est mort sous le couteau : (Elle prend, sa ceinture.) c’en est fait, sa mère, va le suivre et mourir.


TCHING YNG.


Je ne croyais pas que la princesse dût s’étrangler comme elle vient de faire : je n’ose m’arrêter ici un moment : ouvrons vite mon coffre à remèdes, mettons dedans le petit prince, et couvrons-le de quelques paquets d’herbes médecinales. O Ciel ! prenez pitié de nous : toute la maison de Tchao a péri par le glaive : il ne reste que ce pauvre orphelin : si je puis le sauver, j’aurai un grand bonheur, et j’acquerrerai bien du mérite ; mais si je suis découvert, nous en mourrons, moi, et tous les miens. O Tching yng, pense un peu en toi-même, si tu veux sauver cet Orphelin, il faut te tirer des mains de Tou ngan cou. Espérer cela, c’est espérer de sortir des filets du ciel et de la terre.