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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/496

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Il y a des médecins, qui lorsqu’ils visitent les malades, font porter ou dans leur chaise, ou par un domestique qui les suit, une armoire à plusieurs layettes, dont chacune est partagée en plus de quarante petits compartiment bien garnis de racines et de simples, qui se donnent selon les maladies, et qui sont ou sudorifiques, ou bien qui servent à purifier le sang et les humeurs, à fortifier l’estomac, à dissiper les vapeurs, à resserrer le ventre, ou à disposer peu à peu à l’évacuation.

Il y en a d’autres qui ne portent point d’armoire, mais qui donnent la recette, et qui laissent aux malades la liberté ou de les prendre chez eux, ou de les acheter chez les droguistes, qu’on trouve dans presque toutes les villes, et qui ont de grandes boutiques fournies d’excellents remèdes et très précieux. Quelques-uns croiraient se dégrader en fournissant des remèdes, et ceux-là d’ordinaire font payer leurs visites bien plus cher que les autres.

On voit aussi une espèce de charlatans, qui vont ramasser quantité de recettes, et qui, après avoir examiné la maladie, répondent de vous guérir, et conviennent d’un prix qu’on ne leur donne qu’en cas de guérison.

Mais ce qui fait la fortune de beaucoup de médecins, c’est de guérir quelques mandarins distingués, ou quelques personnes riches ; car outre ce qui leur est donné pour chaque visite, ils reçoivent des gratifications très considérables.

Les médecins chinois, après avoir mis en usage leurs décoctions de simples, et rendu la santé, comptent beaucoup sur leurs cordiaux pour extirper le mal jusqu’à sa racine ; ils en ont de toutes les sortes, qui ne sont composés la plupart que d’herbes, de feuilles, de racines, de fruits, et de semences sèches.

Ils ont quantité de simples qui se débitent dans toutes les villes de l’empire. Une province emprunte de l’autre ce qu’elle n’a pas. Il y a des foires, où l’on ne vend que des remèdes, et des boutiques qui ne sont garnies que de simples, dont il est aisé de se pourvoir.

Les médecins chinois permettent l’eau aux malades ; mais ils veulent qu’elle soit cuite. A l’égard d’autre nourriture, ils l’interdisent d’ordinaire, ou si le malade est pressé de la faim, ils ne lui en laissent prendre que très légèrement. La raison qu’ils en apportent, c’est que les corps étant indisposés, l’estomac n’est guère propre à faire ses fonctions, et que la digestion qui se fait en cet état, est toujours pernicieuse.

Du reste l’honoraire qu’ils exigent pour leurs visites et pour leurs remèdes, est très modéré. Après une première visite, ils ne retournent point chez le malade, à moins qu’on ne les y appelle : par là on est en liberté de choisir un autre médecin  ce qui arrive assez souvent, quand on n’est pas content des remèdes que le premier a donnés.

Comme ce qu’il y a de singulier dans la médecine chinoise, est l’habileté des médecins à juger des maladies par les battements du pouls, et à connaître l’utilité des simples, dont ils composent leurs remèdes ;