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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/598

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Ce simple ne pousse qu’une tige qui s’élève à plomb. Les feuilles sont ou quatre à quatre, ou cinq à cinq. La fleur est de couleur violette.

Les habitants de la Corée, dans l'éloge qu’ils ont fait du gin seng, disent : Les branches qui naissent de ma tige, sont au nombre de trois, et mes feuilles sont cinq à cinq. Je tourne le dos au Midi, et je regarde le Nord. Celui qui veut me trouver, qu’il cherche le kia chu, Le kia chu et le gin seng se recherchent. Ce kia ressemble à lou tong[1]. Il croît fort haut, et jette une grande ombre. Dans ces sortes d’endroits le gin seng croît en abondance. Il y a beaucoup d’art à cueillir le gin seng, et à le préparer. On en trouve présentement dans les montagnes voisines de la province de Kiang nan ; mais il n’est pas d’usage.

Cong dit : Le gin seng dont on se sert, vient presque tout de la Corée et de Pé tsi. Celui qui croît sur les montagnes Cai han, dans le territoire de Lou ngan fou, et sur les montagnes de Tseë touen, se nomme Tseë touen seng, ou le seng de Tseë touen.

Sun dit : Le gin seng que le royaume de Sin lo paye de tribut, a des pieds et des mains, et ressemble à un homme. Il a plus d’un pied de long : on le garde pressé entre des planches du bois de l’arbre appelé Cha mou, qui est une espèce de sapin, liées et enveloppées avec de la soie rouge. Le gin seng de Chao tcheou a la racine petite et courte : il m vaut rien pour l’usage.

Song dit : Tout le territoire de Chan si, qui est à l’orient de la rivière jaune, et le mont Tai chan, produisent du gin seng. Celui qu’on apporte des parties de Chan si, et du Ho nan, qui sont au nord de la rivière jaune, aussi bien que de Fo kien, sous le nom de gin seng de Sin lo, ne vaut pas celui de Chan tong. Il commence à pousser au printemps. Il s’en trouve beaucoup dans les parties septentrionales des grandes chaînes de montagnes. Il naît proche du Kiang, et dans les lieux marécageux.

Quand il commence à croître, et qu’il n’a guère encore que trois ou quatre pouces de haut, il pousse une branche avec cinq feuilles ; au bout de quatre ou cinq ans il en pousse une seconde, avec un pareil nombre de feuilles ; cependant il n’a point encore de tige ni de fleurs. Après dix ans accomplis, il pousse une troisième branche ; et après une longue suite d’années, il en pousse une quatrième : chacune a ses cinq feuilles. Alors il commence à s’élever une tige du milieu, qu’on appelle ordinairement pe tché chu, c’est-à dire, pilon de cent pieds.

Durant le troisième et le quatrième mois, il porte de petites fleurs de la grandeur d’un grain de millet, dont les filaments ressemblent à de la soie : elles sont de couleur violette, tirant sur le blanc. Elles portent de la semence après l’automne, au nombre de six ou sept grains, de la grosseur du ta teou, espèce de pois ou de fèves. Cette semence est d’abord verte, et devient rouge, à mesure qu’elle mûrit ; lorsqu’elle est tout à fait mûre, elle se détache, et tombe d’elle-même, et la plante se reproduit.

  1. Lou tong est une espèce de sycomore.